RMC Sport

Europcar : une stratégie en question

Perrig Quemeneur et Cyril Gautier

Perrig Quemeneur et Cyril Gautier - -

Cette 12e étape du Tour de France a été marquée par une nouvelle échappée des coureurs la formation Europcar et… par un nouvel échec. La tactique est pointée du doigt.

A quoi joue Europcar ? Vue la physionomie de cette 12e étape entre Bourg-en-Bresse et Saint-Etienne, difficile de savoir quelles sont les réelles ambitions de l’équipe de Jean-René Bernaudeau sur ce Tour de France 2014. Ce jeudi, Cyril Gautier et Perrig Quemeneur sont partis en contre. Ils ont même occupé la tête de la course en compagnie de l’Australien Simon Clarke avant d’être « avalés » par le peloton. « Je reste un peu sur ma faim, soupire Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. Deux coureurs ont roulé et ont sauté. Lorsque vous avez deux coureurs qui sautent, on en fait attaquer deux autres. Ça veut dire que vous avez quatre coureurs en moins pour épauler Coquard au sprint. Or, Coquard était tout seul dans le final. Ce n’est pas logique... quand on joue la carte d’un sprinteur. »

Huitième de cette 12e étape, le jeune « sprinteur maison » (22 ans) ne serait pas assez protégé par ses équipiers ? « Mais je suis grimpeur, se défend en rigolant Perrig Quemeneur. Dans le final, je ne lui sers à rien car je me fais valdinguer par les gros costauds. Cyril (Gautier), c’est un peu pareil. Comme Bryan est un sprinteur qui grimpe, c’est bien de durcir la course dans les bosses pour mettre en difficulté les vrais sprinteurs. Bon, aujourd’hui, ce n’était pas assez dur. Bryan apprend. Il termine encore dans les dix, c’est très bien pour son 1er Tour de France. Les prochains seront plus axés sur lui. »

Guimard : « Une logique de spectacle ou de course ? »

Si Europcar ne compte visiblement pas sur un succès de son sprinteur cette année, l'équipe ne possède à ce jour aucune victoire d’étape sur cette Grande Boucle. Pas rassurant d’autant que cette échappée sans réussite n’est pas une première. Cyril Gautier (7e et 11e étapes), Thomas Voeckler (3e, 4e), ou encore plus ponctuellement Pierre Rolland, Kévin Reza et Alexandre Pichot ont montré le maillot. En vain. « Je suis circonspect sur la stratégie, glisse Cyrille Guimard. Est-ce qu’on fait du show, de l’image ? Est-on dans une logique de spectacle ou de course ? Je ne sais pas. La question peut être posée. »

Pour Bryan Coquard, « il n’y a pas de polémique, c’était vu comme ça ». Perrig Quemeneur décrypte plus précisément cette attaque qui l’a mené, lui et son équipe, à l’échec. « Avec Cyril, on s’est dit que ça pourrait peut-être marcher mais le problème, c’est qu’il y avait beaucoup de descentes et beaucoup de plat. Or il y a des coureurs qui vont très vite sur cette partie-là. Nous, on est plus des grimpeurs. On a pris du temps sur la bosse mais on en a vite perdu dans la descente. » Pas très convaincant. 

Le titre de l'encadré ici

|||

Bernaudeau répond aux critiques

Jean-René Bernaudeau, le manager d’Europcar répond aux critiques sur la stratégie non-payante de son équipe sur cette 12e étape du Tour : « Elle a été respectée, a déclaré le Vendéen sur l’antenne de RMC. Quand on lance Quémeneur avec Gautier dans la roue, on pense que ça va réagir, qu’une bonne bagarre va se déclencher. On n’a pas les moyens de rouler pour éliminer les sprinteurs pour laisser Coquard seul. Donc on fait avec nos moyens. Aujourd’hui, on espérait une petite bagarre puisque Bryan Coquard avait les jambes pour passer cette cote. Il y avait un vrai coup à jouer car il y avait vent dans le dos dans le final. Et un groupe de quatre ou cinq, on ne le reprend pas comme ça. On sait que Sagan fait souvent 2e et il avait encore du mal à mettre son équipe à l’ouvrage (Cannondale). Aujourd’hui, Pierre Rolland est notre leader et Bryan doit prouver qu’il prend un peu de puissance. Il peut gagner sur le Tour dans les étapes un peu plus dures. Il aura un adversaire, c’est Sagan. Mais dans un registre comme aujourd’hui, il a une dizaine d’adversaires. »

Aurélien Brossier