Gauthier, un chauffeur en jaune

Jean-Louis Gauthier à gauche - -
C’est un privilège rare que possède le « Petit Poucet » de ce Tour de France. Invitée par ASO, l’équipe Saur-Sojasun peut se targuer de posséder dans son staff deux anciens maillots jaunes du Tour de France. Il y a bien sûr Stéphane Heulot. Le directeur sportif a porté la prestigieuse tunique en 1996 et se dit aujourd’hui chef d’entreprise. Beaucoup moins connu, et bien caché dans son bus, il y a aussi Jean-Louis Gauthier. Chauffeur du car de l’équipe, il se classe premier du classement général à l’issue du contre-la-montre par équipes de 1983. Le lendemain, par le jeu des bonifications, il prend le maillot jaune. « C’est un rêve pour tout coureur », commente-t-il aujourd’hui avec beaucoup d’émotion.
Quand il conduit le staff et l’équipe d’étape en étape, ils sont peu nombreux à se souvenir de cet épisode de sa vie. Mais si un coureur vient le voir, il n’hésite pas à prodiguer des conseils avisés. Sans jamais se transformer en directeur sportif. Montrée du doigt par certains suiveurs pour sa frilosité, la formation Saur-Sojasun compte beaucoup de novices. Cinq disputent leur première Grand Boucle et deux leur deuxième. Arnaud Coyot et Jimmy Engoulvent (quatre participations) feraient presque figure d’anciens. « On sent quand même un peu de frilosité, glisse Gauthier sur le sujet. Ils hésitent à se lancer dans la bagarre et pensent surtout à finir. Mais peut-on leur en vouloir ? »
33 Tours de rang
Jean-Louis Gauthier enchaîne actuellement son 33e Tour de France. Dix comme coureurs, 23 comme assistant. Avec toujours autant de fierté. « Le seul que je n’ai pas fini, c’est parce que je n’allais pas trop bien. Pour le reste, je suis fier de les avoir enchaînés. » Alors forcément, quand la route s’élève, le vainqueur d’étape à Compiègne en 1980 ressort la boite à souvenirs. « Ça me rappelle des souvenirs et pas forcément des bons. Ce n’était pas mon domaine de prédilection », glisse Jean-Louis, à l’aise dans son rôle de chauffeur.
Son cas n’est d’ailleurs pas isolé. Il y a les coureurs en activité (Sylvain Chavanel ou Romain Feillu), les consultants (Richard Virenque, Luc Leblanc, Laurent Jalabert, Jean-François Bernard, Jacky Durand, Cédric Vasseur ou encore Cyrille Guimard), les directeurs sportifs (Martial Gayant, Jean-René Bernaudeau), les journalistes (Charly Mottet), les membres d’ASO (Bernard Hinault, Bernard Thévenet) et même des membres de la caravane publicitaire (Vincent Barteau)… Thomas Voeckler est sans doute en train de se construire un avenir doré.