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Kittel insatiable, Démare en approche

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Quatrième étape du Tour et troisième succès pour Marcel Kittel, vainqueur au sprint ce mardi à Lille. Mais derrière l’Allemand, l’adversité grignote. Les Français Arnaud Démare (3e) et Bryan Coquard (5e) ne sont plus très loin. Et ambitieux.

Et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne. Gary Lineker ne parlait pas football. Il imaginait à l’avance les premiers jours du Tour 2014. Quatrième étape et troisième succès pour Marcel Kittel, son septième en deux ans. L’ogre de l’équipe Giant ne laisse que des miettes. Harrogate, Londres ou Lille, même résultat. Mais l’impression diffère. Cette fois, Marcel et son orchestre ont moins écrasé la ligne droite. Une sensation de puissance un poil en berne, de supériorité moins affichée. L’écart se resserre. Prenable, le Kittel. Derrière, la résistance s’organise. Alexander Kristoff (2e) s’est fait sauter peu avant la ligne. Peter Sagan reste en embuscade (4e), André Greipel (6e) et Mark Renshaw (7e) aussi. Et nos petits Français, Arnaud Démare (3e) et Bryan Coquard (5e), pointent le bout de leur roue.

A vrai dire, à mieux regarder le sprint du jour, on se dit que le cyclisme ne récompense pas toujours le bon vainqueur. « Démare allait le plus vite sur les 200 derniers mètres, estime Cyrille Guimard. Arnaud est aussi rapide que les meilleurs. » Les faits de course vont lui coûter cher. « Arnaud est trop loin aux 300 mètres, explique Guimard. Il se fait enfermer par Sagan. Il se retrouve à 15 mètres de la tête dans la roue de Coquard qui fait un écart et il sort trop tôt. Il se retrouve dans le vent aux 200 mètres et doit tout faire comme ça mais il parvient à revenir faire troisième. Sans l’écart de Coquard, je pense qu’il aurait gagné. Kittel était prenable, il n’avait pas la giclette et la puissance qu’il a montrées lundi. Démare revient très loin. Ce qui me fait dire qu’il l’aurait emporté, c’est qu’il sort dans le vent alors que Kittel n’y est pas encore. »

Démare : « Kittel est battable »

L’emballage final ne lui a pas souri. Et comme pour Coquard, l’absence de force collective à ses côtés n’a pas aidé. A plusieurs, on est toujours plus fort. « Le problème pour Démare ou Coquard, c’est le train, la puissance collective que les équipes françaises n’ont pas », juge Guimard. Autre membre de la Dream Team RMC Sport, Luc Leblanc appuie : « Il est remonté tout seul au sprint. S’il avait eu un ou deux équipiers avec lui, il aurait pu le faire. » Enfin au rendez-vous d’une arrivée massive sur ce Tour, le champion de France se contente pour l’instant de savourer.

« Je n’étais pas dans une position parfaite mais j’ai pu sprinter donc c’est une satisfaction, lâche Démare. Je suis soulagé car on se pose toujours la question de savoir si on est au niveau pour rouler à 60 km/h dans les derniers kilomètres. Je suis content. » Le discours paraît convenu. Presque trop respectueux dans une caste de sprinters où la haine de la défaite et la volonté de battre les adversaires servent de moteur. Mais il ne faut pas pousser très loin pour voir revenir le fauve, toutes dents et ambitions dehors : « Kittel est battable. Il y a moyen de faire quelque chose mais il faut être au bon endroit au bon moment » La stratégie est déjà en place. « Il faut être dans sa roue à 300 mètres de la ligne, explique Démare. Là, je lance cinquante mètres avant lui. Il était plus fort mais il a aussi fait un sprint plus court que moi. » Reste plus qu’à régler la mire.

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Alexandre Herbinet