
Le conte de Péraud

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Victime d’une crevaison en plein contre-la-montre décisif, samedi, il a posé tranquillement son vélo, attendant de pouvoir en changer. Comme si ni le stress, ni la colère, ni l’excitation ne pouvaient gâcher ce moment. Jean-Christophe Péraud, c’est un peu la force tranquille. Celle des sportifs qui ont bourlingué de discipline en discipline, pour finalement accomplir un exploit au moment le plus inattendu. A 37 ans, le coureur AG2R-La Mondiale a su saisir sa chance sur un Tour de France rapidement privé de Froome et Contador pour s’inviter sur la deuxième marche du podium. Et ce malgré une chute et une grosse frayeur dimanche, sur les Champs-Elysées. « C’est sûr que c’est émouvant. Rien que d’y penser, les larmes reviennent un peu (sourire) », confiait-il samedi soir, heureux comme un gamin.
Ingénieur de formation, vice-champion olympique de VTT en 2008, Jean-Christophe Péraud avait signé son premier grand coup sur la route en devenant champion de France du contre-la-montre en 2009, alors qu’il n’était qu’amateur. Quatre ans après son passage chez les pros, le voilà (presque) tout en haut, devant la jeune génération des Pinot et Bardet. « Je vais pouvoir prendre ma retraite (rires), s’amuse-t-il. Non, l’envie c’est encore de découvrir. Je n’ai jamais fait le Giro, donc il me reste deux ans pour le découvrir. Atypique ? Je ne pense pas l’être. Chacun a son caractère, j’ai le mien. On est tous différent. Je suis un homme normal, je ne pense pas que ça me changera. »
Jurdie : « Un truc de fou »
Loin du sourire satisfait mais presque blasé du vainqueur Vincenzo Nibali, c’est l’émotion qui règne dans le clan de « Jicé » Péraud. « C’est difficile de trouver les mots, confie Julien Jurdie, directeur sportif d’AG2R-La Mondiale. Ce n’est que du bonheur. C’est un truc de fou. » Une grosse émotion et, disons-le, un blason redoré pour un cyclisme tricolore qui en avait bien besoin. « Deux Français sur le podium du Tour, c’est la première fois depuis 30 ans que ça arrive se réjouit le directeur de l’épreuve, Christian Prudhomme. Là, Jean-Christophe Péraud deuxième, Thibaut Pinot troisième, Romain Bardet sixième : il s’est vraiment passé quelque chose. Et pour moi, en songeant à l’avenir, ce Tour de France a été un tremplin. » Un tremplin pour un coureur tout neuf de 37 ans, humble, travailleur et normal. Le Tour pourrait presque en faire son nouveau slogan.
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