RMC Sport

Nibali, un vainqueur du Tour au-dessus de tout soupçon ?

Vincenzo Nibali

Vincenzo Nibali - -

Peut-on croire en Vincenzo Nibali et en sa suprématie sans partage exercée sur la 101e édition du Tour de France ? A y regarder de plus près, tout porte à croire que l’Italien est un coureur propre qui carbure à l’eau claire.

Avec sa domination sans partage, ses quatre succès d’étapes et le fossé qui le sépare de son dauphin (7’37 d’avance sur Péraud), Vincenzo Nibali ne pouvait échapper à la suspicion des « cyniques et des sceptiques », selon la formule si chère à un certain Lance Armstrong. Ces amoureux transis de la petite reine, hier cocus et dindons de la farce, aujourd’hui vigies et remparts d’un sport pourri de l’intérieur durant des années. Et qui semble enfin avoir chassé ses vieux démons, en effectuant un nettoyage en profondeur et en échafaudant un protocole antidopage sans équivalent dans le monde du sport.

Si la prudence reste toujours de mise, Vincenzo Nibali semble être un beau et sain vainqueur qui n’hésite pas à parler dopage quand on le branche sur le sujet ou à traiter d’« imbéciles » ceux qui continuent à bricoler dans leur coin. Passé pro en 2005, l’Italien n’a jamais trempé dans la moindre affaire. D’année en année, il s’est construit un physique, bâti un palmarès. De façon linéaire, sans établir de performance stupéfiante. Et depuis huit mois, le vainqueur 2014 n’avait qu’une seule obsession en tête : le Tour, allant même jusqu’à travailler à l’entraînement sa fréquence de pédalage derrière un scooter afin de se rapprocher de celle de Froome. « Je suis prêt à vous raconter avec grand plaisir mon histoire, a glissé le Requin de Messine aux médias durant le Tour de France. Tous les sacrifices que j’ai faits, tout mon chemin pour en arriver là. On veut me comparer à Pantani mais nos victoires ne sont pas trop comparables… »

Guimard : « Des performances normales et humaines »

Mais au-delà de l’attitude, des discours et des bonnes intentions, il y a surtout les faits et les chronos, une fois en selle. « Je n’ai pas de doute sur ses performances, souligne Cyrille Guimard. J’en veux pour preuve son temps réalisé lors de la montée vers Hautacam (18e étape, ndlr). S’il avait couru contre Riis (en 1996), il aurait pris 2’30 dans la vue (avec 37’27, il pointe au 27e rang de l’histoire de cette ascension, à des « années-lumière » de Riis, Leblanc, Indurain, Ullrich et autre Armstrong) alors qu’il n’a pas connu de rupture de rythme. Ca veut donc dire qu’on est sur des performances normales et humaines d’autant qu’à chaque fois qu’il a gagné, il n’a pas fait de différences énormes sur les autres. »

Antoine Vayer, ancien entraîneur de l’équipe Festina, s’est montré plus sceptique dans les colonnes du Monde, qualifiant l’Italien de dernier « surhumain » et évoquant des performances « suspectes » en raison de sa puissance (exprimée en watts) développée en montagne. Des indicateurs de dopage indirects qui ne me permettent pas de tirer la moindre conclusion à son sujet, d’autant que les valeurs indiquées naviguent à la frontière entre le normal et le douteux. Finalement, la seule chose qu’on peut lui reprocher de manière définitive, c’est peut-être d’avoir le sulfureux Alexandre Vinokourov pour manager chez Astana...

G.Mathieu.