
On n’arrête plus Gallopin !

Tony Gallopin - -
A ceux qui en doutaient encore, Tony Gallopin, c’est de la graine de champion. Certes, à 26 ans, on est plus proche de la belle plante bien mûre que du stade embryonnaire. Mais tenter le coup dans un final casse-patte comme celui d’Oyonnax, repousser les assauts des Sagan et autres puncheurs en furie, pour s’adjuger cette 11e étape quarante-huit heures seulement après avoir souffert comme jamais sur sa machine et perdu le Maillot jaune à la Planche des Belles Filles, c’est fort. Très fort, même.
Avec un orgueil et un sens tactique qui ont bluffé toute la caravane du Tour de France, l’héritier de cette « dynastie » Gallopin dévouée corps et âme au cyclisme a planté une première banderille à 13 km de l’arrivée, dans l’ultime difficulté du jour, la côte d’Echallon (3km à 6,6%). « Je l’avais reconnue sur les conseils de mon père, confie le Français. Je connaissais donc ce ‘’grimpeur’’ non répertorié. » Malin et prévoyant comme un vieux briscard, on vous dit. Même repris à 5 bornes du but, le coureur de la Lotto-Belisol ne se démontait pas, replaçant une « mine » tout en laissant derrière lui Sagan, Kwiatkowski et Rogers se crêper les rayons entre eux. Et la meute des poursuivants sur sa faim. A eux les regrets, à lui la gloire naissante et la reconnaissance nationale après cette victoire d’étape qui intervient donc après 24 heures passés en jaune.
« Je suis un coureur comblé »
« C’est incroyable, jamais je n’avais imaginé ça, avoue Tony Gallopin. J’étais déjà très content de moi mais là, avec une victoire à San Sébastien (manche de Coupe du monde, l’an passé, ndlr), un jaune et une victoire d’étape, je suis un coureur comblé. Et j’espère que ça va continuer ! » Avec ce succès d’étape, rien n’est d’ailleurs désormais impossible pour le Français, délesté de toute pression et qui a fait le plus dur en se refaisant la cerise à la vitesse grand V après avoir rendu le 14 juillet le paletot doré à Nibali. Et puis, détail qui n’en est pas un, Gallopin pointe toujours ce soir à la 5e place du général, à 3’12 de Nibali. Pas mal pour un coureur de classiques.
« L’orgueil du champion a parlé, s’enthousiasme Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. Il est au sommet de son art et au top de sa santé. Ce qu’il réalise est fabuleux car il a prouvé qu’il avait la tête et les jambes. Il fallait oser, il a tenté, il s’est remis au chaud, il a respiré, il s’est refait une santé, il a fait un peu de jus, a remis les gaz au bon moment et est sorti avec beaucoup d’opportunité. Tony est allé chercher une superbe victoire. C’est fabuleux ! » Parole d’expert.
Le titre de l'encadré ici
|||Un exploit pour Poulidor
« Pour moi, c’est un des plus beaux exploits du Tour de France, a confié le légendaire Raymond Poulidor. Gallopin était Maillot jaune le 14 Juillet, ensuite il l'a perdu. Après, la journée de repos, il a bien récupéré. Aujourd’hui, il a fait un véritable exploit. Il a fait 10 kilomètres d’échappée solitaire. Il a été rejoint, il a attaqué à nouveau. Il gagne avec une dizaine de mètres d’avance. Chapeau. »