Péraud, la poisse à la française

Jean-Christophe Péraud a abandonné le Tour de France - -
Faute à pas de chance ? Enchainement de poisse ? Gestion calamiteuse de la pression ? Coureurs surcotés ? Jusque-là, les raisons du zéro pointé des Français sur ce 100e Tour de France n’avaient pas été clairement identifiées. Depuis ce mercredi et la chute de Jean-Christophe Péraud lors de l’ultime et traditionnelle reconnaissance d’avant-course, puis de son abandon en course, tout porte à croire que le mal français porte un nom : la loi des séries. Mais oui, vous savez, ce truc tenace, impalpable mais omniprésent, situé aux portes de l’irrationnel et qui explique sans l’expliquer une accumulation de tuiles en tous genres dans un espace-temps donné.
Neuvième du général avant cette 17e étape que les spécialistes estimaient taillée pour lui, Jean-Christophe Péraud a tout perdu sur une gamelle. Le Top 10, un gros coup dans ce contre-la-montre accidenté et surtout, une clavicule. En souhaitant reconnaitre pour la sixième fois depuis le début de l'année le parcours entre Embrun et Chorges, le leader d’AG2R La Mondiale a chuté dans la descente de la côte de Réallon. Bilan : fracture de la partie externe de la clavicule droite. Quand ça ne veut pas… « C’est une fracture de la clavicule sans déplacement, lâchait à peine désabusé le Français à la sortie du camion médical où il venait d’être examiné. J'ai été piégé dans un virage qui est fermé. Cette blessure devrait me faire souffrir mais il n'y a pas de contre-indication (à poursuivre). Il y a des ligaments qui tiennent tout ça. Je vais essayer de supporter la douleur. »
Le courage n’a pas suffi
16h09. Le courage en bandoulière et l’estomac gavé d’antidouleurs, Péraud est donc bien au rendez-vous sur la rampe de lancement de ce chrono individuel. Visiblement à l’aise et dans le coup, le Français –dont l’épaule est méticuleusement strappée- limite la casse. Mieux, il figure dans les 15,20 premiers lors des premiers temps intermédiaires. L’arrivée lui tend les bras, il ne lui reste plus que deux bornes à engloutir. Et patatras. Le vice-champion olympique 2008 de VTT cross-country tombe très lourdement et de nouveau sur son épaule. Il grimace, se relève en silence. Vincent Lavenu, son directeur sportif, sort illico de sa voiture, le soutient mais s’abstient de tout commentaire. Pas la peine d’en rajouter. Tout le monde a pigé. C’en est définitivement fini pour son protégé.
« La fracture ne m’a pas handicapé dans la courbe, raconte Péraud, le bras en écharpe. Je n’avais pas non plus l’impression de prendre des risques, mais j’ai été piégé par la roue avant qui est partie dans le dernier virage. Ca m’apprendra à vouloir insister sur une blessure. C’est le sport et finalement, c’est un soulagement. » En tout cas, cet abandon enterre du même coup les derniers espoirs de voir un Français figurer dans le Top 10. Ce soir, c’est en effet au 20e rang que pointe le premier coureur bien de chez nous, en la personne de Romain Bardet (AG2R La Mondiale), à plus de 28 minutes de Chris Froome. Sale temps pour les Français.