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Prudhomme : « Un Tour d’une rare intensité »

Christian Prudhomme

Christian Prudhomme - -

C'est un patron de la Grande Boucle heureux qui tire le bilan d'une édition 2011 inoubliable : premier succès de l'histoire pour un Australien, épopée de Voeckler, panache de Rolland, suspense jusqu’au bout… Un cru de premier choix.

Christian, Cadel Evans fait-il un beau vainqueur ?

C’est le premier vainqueur australien du Tour de France. Il avait échoué d’un rien à deux reprises (ndlr : en 2007 et 2008). Cette fois, il n’a pas laissé passer l’occasion. Il a été présent pendant les trois semaines du tour de France comme il l’est tout au long de la saison. L’ancien champion du monde (2009) et vainqueur de la Flèche Wallonne a gagné à Mûr-de-Bretagne la première semaine. Il prend la deuxième place du contre-le-montre derrière Tony Martin. Il a pris la course en main lorsqu’Andy Schleck a attaqué. Il a su maitriser la situation dans le Galibier avec les équipiers qui lui restaient dans la vallée. Pour finir, dans l’Alpe d’Huez, il n’a jamais craqué.

C’est une juste récompense pour ce coureur déjà âgé de 34 ans…

C’est la récompense d’années d’abnégation et de courage, lui qui avait été un vainqueur de la coupe du monde de VTT (en 1998 et 1999) converti au cyclisme sur route. C’est un symbole de l’internationalisation du cyclisme. C’est le premier vainqueur des Antipodes. Les supporters australiens ont été très nombreux. Les audiences à la télévision australienne ont été multipliées par douze !

Ce tour de France vous a-t-il plu ?

Bien sûr. Les Tours de France que j’ai tracés sont ceux où les coureurs ont vraiment utilisé la plupart des possibilités qui leur étaient offertes et notamment dans les Alpes. L’attaque d’Andy Schleck, dans l’Izoard, à plus de soixante kilomètres de l’arrivée au Galibier était formidable. L’orgueil d’Alberto Contador dès le pied du col du Télégraphe était aussi remarquable. Ces événements ont donné une course d’une intensité rare. Je suis ravi.

Que regard portez-vous sur les performances françaises ?

Je pensais qu’on serait dans un registre comparable à celui de l’an passé. C'est-à-dire avec pas mal de victoires d’étapes. L’an dernier, les français en avaient remporté six. C’était formidable mais au final ils étaient distancés au classement général. Cette année, c’est exactement le contraire. Il y a deux semaines, je vous aurais dit qu’il y aurait un ou deux Français, maximum, dans les vingt premiers. Il y en a cinq dans les quinze ! Thomas Voeckler, magnifique, fait quatrième. Et puis il y a l’émergence d’un coureur pétri de talent et d’ambition sans doute pour les tours futurs qui s’appelle Pierre Roland, meilleur jeune et vainqueur à l’Alpe d’Huez. Il ne faut pas oublier Jean-Christophe Péraud, dixième au général, sans oublier Arnold Jeannesson et Jérôme Coppel.

Le parcours du Tour de France 2012 sera-t-il encore plus dur que cette année ?

On prend toujours un soin particulier pour la confection du parcours. Il était très beau cette année. Après, tout dépend de ce que les coureurs en font. On fait en sorte depuis des années de mettre à disposition des coureurs le meilleur parcours possible avec des variantes pour que chacun puisse en profiter. Si rien ne s’était passé dans l’Izoard ou du Galibier, tout le monde aurait dit : il ne se passe rien. On continuera à proposer des parcours où il peut tout se passer.