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Rolland, un p’tit Tour et puis se noie

Pierre Rolland lâché par Rui Costa.

Pierre Rolland lâché par Rui Costa. - -

Annoncé au départ comme l’un des sérieux prétendants au Top 10, Pierre Rolland est passé à côté de son Tour de France. Son échappée au long cours entre Bourg d’Oisans et le Grand Bornand, en est la dernière illustration, même s’il lui reste une infime chance de ramener le maillot à pois à Paris.

Après les Tours de France 2011 et 2012, Pierre Rolland ne devrait pas inscrire son nom au palmarès d’une des étapes de ce cru 2013. A moins d’un immense braquage peu probable ce samedi entre Annecy et le sommet du Semnoz, le leader désigné du Team Europcar va rentrer bredouille au bercail. Sans victoire d’étape, donc, ni très probablement de maillot à pois, après avoir décroché celui du meilleur jeune en 2011. Un bilan plus que mitigé pour ce grand échalas d’1,84 m qui débordait d’ambitions tous azimuts en début de Tour, lui qui avait coché à la fois le général et/ou le classement du meilleur grimpeur et/ou la victoire d’un jour. Mais il était dit que cette Grande Boucle ne tournerait décidément pas rond pour lui.

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé, comme en témoigne son échappée que l’on croyait enfin belle, ce vendredi entre Bourg d’Oisans et le Grand Bornand. Parti dès le pied de la Madeleine (km 50) en chasse-patate derrière le Canadien Ryder Hesjedal et l'Espagnol Jon Izaguirre, l’Orléanais se retrouve seul aux commandes au pied du col de Talmié (km 132). D’apparence facile, Rolland comptera jusqu’à 1’54 d’avance sur les poursuivants lancés à ses trousses, et 8 minutes sur le reste de la meute. Toujours en tête dans le col de l’Epine, le Français finira par lâcher prise à une trentaine de bornes de l’arrivée, quand l’avion Rui Costa lui passa sous le nez dans le col de la Croix Fry. Et le « deltaplane » Rolland de ses crasher sur le champ, accusant 6’41 de retard sur le Portugais à l’arrivée.

Un coureur bel et bien humain

« Honnêtement, j’y croyais, raconte Rolland, des cernes très prononcées sous les yeux et le visage encore plus creusé que d’ordinaire à l’issue de l’arrivée. Dans toutes les ascensions, je reprenais du temps sur le groupe. Je suis déçu… En plus, j’ai eu des crampes, ce qui m’arrive rarement. Mais là, c’était tellement intense et long que j’ai souffert. J’ai même dû adapter mon pédalage à ça. C’est une vraie déception. » En mode diesel ces deux dernières années, le protégé de Bernaudeau finit cette fois-ci le Tour sur la jante. Sans jus, ni énergie. Pour s’en convaincre, il suffisait d’ailleurs de l’observer à l’issue du protocole d’après-course, au cours duquel il a reçu le prix du combattif du jour. Au ralenti, le geste atrophié et la démarche branque-ballante.

Huitième l’an passé, Rolland devra donc se contenter cette année d’une place éloignée de son talent, puisqu’il pointe ce vendredi soir à une modeste 25e place, à 43’42 de Froome. En guise de consolation, on pourra toujours se dire que le Français est simplement humain, avec ses fulgurances et ses défaillances. Ses crampes et ses coups de moins bien. Lui, de son côté, pourra toujours sécher ses larmes dans le paletot à pois qu’il portera certainement une dernière fois, ce samedi du côté d’Annecy. Devancé d’un seul point par Froome (qui ne peut empiler en course deux maillots distinctifs), le Français ne s'imagine pas le ramener sur les Champs-Elysées. « J’ai fait une croix dessus vu que Froome et Quintana vont se le disputer… » Vivement l’an prochain.

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