Sagan, quand ça veut pas, ça veut pas…

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Il fallait voir son rictus sur le podium protocolaire à l’heure d’enfiler son joli maillot vert. Un mélange de léger sourire très forcé et de franche moue frustrée. Pour le show et les mains baladeuses sur les hôtesses, on repassera. Il est colère, Peter Sagan. Blasé, même. Marre, marre, marre de passer à côté. Alors il philosophe. « C’était peut-être écrit », lâche-t-il au micro de France Télévisions. Mais de quoi parle-t-on ? Du nouvel épisode de sa désillusion cycliste de juillet. A trois kilomètres de la ligne d’arrivée, ce vendredi à Bergerac, le Slovaque se retrouve à terre. « Il s’est mis en travers au moment de la relance à la sortie du virage. Personne n’a pu l’éviter derrière et il a entraîné la chute d’un bon tiers du peloton », analyse Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport.
« Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé. Le macadam était trempé, c’était glissant. J’étais le premier à tomber et je n’arrivais pas à me rattraper », concède l’intéressé. Avant d’ironiser sur sa célèbre adresse guidon en mains, lui l’ex-vététiste : « On a vu combien j’étais bon sur le vélo… » Quelques égratignures et bobos au passage. Mais d’abord, et surtout, encore une chance de victoire d’étape envolée. Elles ne tiennent presque plus sur les doigts de deux mains. La litanie de ses places d’honneur dans les sept premières étapes raconte la frustration : 2e, 4e, 2e, 4e, 4e, 5e et 2e. Sans oublier la 2e place à Saint-Etienne (12e étape) et la 3e à Nimes (15e).
Guimard : « Son Tour sera réussi »
Les chutes ont parfois eu raison de lui. On l’a battu d’un boyau. Il est tombé sur meilleur que lui sur l’instant. Il s’est retrouvé trop esseulé dans certains finals. Etc, etc. « A chaque fois, il s’est fait contrer, il a couru à l’envers, il a fait quelques fautes ou il a trop sollicité ses coéquipiers », juge Cyrille Guimard. Bilan : la machine à gagner – trois étapes en 2012, une en 2013 – s’est grippée. Ramener le maillot vert du classement par points à Paris pour la troisième fois consécutive n’est certes pas un mince exploit. Mais quand on connaît le garçon, et son état d’esprit où seule la victoire est belle, difficile de ne pas réaliser combien ces trois semaines de Grande Boucle n’ont pas rempli tous ses objectifs.
« Son Tour sera de toute façon réussi car il ne peut plus être battu pour le maillot vert, estime Cyrille Guimard. Mais il sera déçu et frustré. Sur ses deux premiers Tours de France, il a toujours gagné au moins une étape. Là, pas une seule. C’est difficile à encaisser quand on est Peter Sagan, qu’on est un véritable gagneur et un grand champion. » Reste une chance de se rattraper. Les Champs-Elysées et son prestige. Cadre parfait pour voir briller le showman slovaque ? « Compte tenu ce qui s’est passé pour lui, à mon avis ce n’est pas son année, répond Cyrille Guimard. Sur les Champs, il va peut-être retomber sur Marcel Kittel qui y avait gagné l’an dernier. » S’il signe une nouvelle deuxième place à Paris, quelque chose nous dit que son grand sourire ne sera pas le plus éclatant sur le podium.
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