Tour de France (8e étape) : Vuillermoz, le sourire français

Le Français Alexis Vuillermoz, vainqueur de la 8e étape du Tour à Mûr-de-Bretagne - AFP
Il était passé tout près au Mur de Huy, troisième derrière Joaquim Rodriguez et Chris Froome. Alors cette fois, il n’a pas laissé passer sa chance. Une attaque de feu pour contrer le maillot jaune à moins d’un kilomètre de l’arrivée et plus personne ne le revoyait. Cocorico. Un Français remporte enfin une étape du Tour 2015. Pas n’importe laquelle, qui plus est. Et avec la manière. Puncheur explosif, Alexis Vuillermoz arborait le profil parfait pour dompter la montée de Mûr-de-Bretagne et ses deux kilomètres à 6,9% de moyenne. Il a parfaitement maîtrisé l’affaire en démarrant au meilleur moment puis en résistant jusqu’au bout. En force et à la pédale.
« On savait qu’il en était capable et il ne s’est pas démonté », lance son équipier Romain Bardet. « Il est énorme, tout simplement énorme, enchaîne Jean-Christophe Péraud, autre membre de l’équipe AG2R. C’est un des meilleurs puncheurs du monde. Ça roulait à bloc et tous les cadors n’ont pu que se rassoir et lui laisser la victoire. Il m’impressionne. » Et Christophe Riblon, autre équipier du Jurassien, de conclure : « Il n’y a rien d’étonnant ». Pas faux. Troisième de l’étape de Huy, sixième de la Flèche Wallonne 2015, ce coureur de 27 ans issu du VTT – comme Péraud, avec qui il a été champion du monde et d’Europe de cross-country par équipes en 2008, et comme l’Australien Cadel Evans, vainqueur à… Mûr-de-Bretagne sur le Tour 2011 – aime les montées sèches où il peut faire marcher son accélération explosive. Froome et tous les autres ont pu s’en apercevoir ce samedi.
« C’était la gagne ou rien »
« Troisième à Huy, c’était déjà une belle performance, racontait-il peu après l’arrivée. Aujourd’hui, j’avais envie de sortir. C’était la gagne ou rien. J’ai tenté à deux-trois reprises, la dernière était la bonne. J’ai serré les dents et continué jusqu’au bout. C’est le type d’étape qui me convient. Je suis un grimpeur-puncheur, c’était fait pour moi. » « Il touche les bénéfices de l'école VTT, analyse Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. Sur les parcours de VTT, il y a des passages très pentus sur 20 ou 30 secondes, il faut énormément de puissance. Ça permet d’acquérir des qualités de puissance au-dessus de ce qu’on va aller chercher sur la route. »
Pour son deuxième Tour de France, celui que l’on surnomme Pikachu (personnage des Pokémon) avait les coudées franches pour ce genre d’arrivées. Il a su faire fructifier la chose. Dès mardi, dans les Pyrénées, il retrouvera son objectif initial : servir Bardet et Péraud. « J’espère qu’on me verra en haute montagne mais ce sera dans le but d’aider mes leaders, qui sont meilleurs que moi dans cette spécialité », explique Vuillermoz. Onzième du Giro 2014, le garçon actuellement 26e du général à 5’26’’ de Froome pourrait peut-être aspirer à un autre statut sur le Tour. Ce sera sans doute pour les années à venir.
En attendant, il fait parler son talent et s’éclate. On espère surtout qu’il aime les signes du destin. Sa dernière victoire avant cette étape du Tour ? Déjà en Bretagne avec le Grand Prix de Plumelec-Morbihan, fin mai, dont l’arrivée était jugée au sommet de la côte de Cadoudal (où se terminera le chrono par équipes de la Grande Boucle ce dimanche). Et la première victoire française du Tour 2014 ? Déjà un coureur AG2R (Blel Kadri), déjà lors de la huitième étape, et déjà au terme d’une course vallonnée (l’arrivée était à Gérardmer). Il y a des jours comme ça où le destin marche dans votre sens. Même si ça aide moins que des jambes de feu façon Vuillermoz.