Tour de France : Froome, des performances de « mutant »

Christopher Froome - -
Christopher Froome fait planer sur le Tour de France un air de déjà-vu. Comme un sentiment amer qui rappelle des heures sombres de la Grande Boucle. Vainqueur à Ax-3 Domaines samedi, le coureur de la Sky a endossé le Maillot Jaune et quasiment plié la course dès la 1ère étape de montagne. Ce dimanche, sans aucun équipier, il a réussi à contenir les attaques de Nairo Quintana, le grimpeur de la Movistar, sans même se lever de sa selle. A coups de moulinets ultra-rapides, le Britannique a mis ses rivaux à sa botte, à la manière de Lance Armstrong. Pour beaucoup, le trait est un peu gros.
« Au niveau visuel, la performance de Froome et la même que la performance d’une athlète chinoise qui courait le 10 000m et qui, dans le dernier 1 000m, prenait un tour à tout le monde, souligne Antoine Vayer, ancien entraîneur chez Festina et désormais spécialiste de la lutte antidopage. C’est plus que stupéfiant au niveau visuel et personne n’y croit. C’est impossible, à moins qu’il sorte de la cuisse de Jupiter, comme Lance Armstrong le disait naguère. »
Des performances comparables à Armstrong et Ullrich
Pour étayer ses propos, Antoine Vayer s’appuie sur des données savamment étudiées. Au cœur des recherches de l’auteur du magazine « Tous dopés ? La preuve pas 21 », le rapport poids-puissance des coureurs et les watts développés lors de différentes ascensions. Ainsi, sur la montée finale vers Ax-3 Domaines, Christopher Froome a explosé les compteurs. Avec 446 watts développés, le leader du Tour entre dans la catégorie des « mutants », selon quatre catégories de performance établies par Vayer lui-même : les perfs normales, suspectes, miraculeuses et de mutant.
« Ses performances sont comparables et similaires à celles d’Armstrong et d’Ullrich du temps de leur splendeur, lorsqu’ils étaient dopés à mort, lance Vayer. Froome, en 2003, sur la même montée, aurait certainement suivi Ullrich et Armstrong et il les aurait peut-être… battus ! »
Le cyclisme est encore malade
Si Dave Brailsford, le manager de l’équipe Sky, place son coureur au-dessus de tout soupçon et assure que les spectateurs « peuvent avoir confiance », Vayer estime que malgré une lutte antidopage toujours plus pointue, le cyclisme est encore malade. « Après 1998, on parlait du cyclisme à deux vitesses et c’est encore le cas maintenant. Le nombre de ceux qui vont à la vitesse supérieure se restreint, mais c’est toujours ce nombre-là qui fait la loi sur le Tour de France », souffle-t-il.
Quant à l’éternelle question, relancée récemment par Lance Arsmtrong, de savoir s’il est possible de remporter le Tour sans se doper, l’ex-entraîneur de Festina a une opinion bien tranchée : « On peut briller sur le Tour sans dopage, on peut le dire et c’est relativement nouveau. Mais gagner le Tour sans dopage, je pense qu’au travers des performances de Chris Froome, on a la réponse tout de suite. »
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