Tour de France : Froome, seul et fort

Malgré la disparition rapide de ses équipiers, Chris Froome (Sky) a maîtrisé relativement facilement ses principaux adversaires ce dimanche lors de la 9e étape du Tour de France, remportée par l’Irlandais Dan Martin (Garmin). Le Britannique reste le patron.

Deux heures, deux cols. Pour croire que le Tour n’est pas fini, qu’il n’a pas été plié dès la première étape de montagne. Pour imaginer que les batailles seront nombreuses jusqu’au 20 juillet, que le suspense vivra jusqu’à Annecy, à la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées. Pendant une soixantaine de kilomètres, le scénario de cette 9e étape de la Grande Boucle a laissé rêveur. Des Sky dans les buissons, comme Peter Kennaugh après une chute, ou collés au bitume, comme Richie Porte (60e à 17’59 !). Des Garmin, des Movistar, des BMC, des Saxo Tinkoff à l’avant dans le Portet-d’Aspet et le col de Menté, pour dynamiter la course. Des cadors en nombre pour défier le même homme, Chris Froome. Il aurait pu vivre un enfer. Il a tenu. Seul. Et fort.

Il est venu lui-même calmer les ardeurs de tout ce beau monde dans le Portet-d’Aspet. Il s’est jeté dans les roues d’Alejandro Valverde (Movistar) et de son coéquipier Ruben Plaza après le col de Menté, quand ces deux-là ont entamé un bras de fer avec Alberto Contador (Saxo Tinkoff). Le point de bascule de cette 9e étape. Le moment où les Movistar ont semble-t-il choisi de s’en prendre au double vainqueur du Tour (2007, 2009), contraignant son équipe à une poursuite dans la vallée, plutôt qu’au probable futur vainqueur. Dans Peyresourde, le Val Louron Azet et la Hourquette d'Ancizan, Chris Froome n’a donc eu qu’à suivre le rythme. Plutôt tranquillement.

Péraud : « Ça a été très mal exploité »

Seules les accélérations du Colombien Nairo Quintana, sans doute destinées à faire souffrir Contador, Schleck ou encore Mollema pour renforcer la position de son leader Valverde au général, ont contraint le maillot jaune à monter en régime. Mais toujours sur sa selle, ou presque. Et sans avoir à gérer une contre-attaque. « Je pense que le fait que Froome ait été esseulé a été très, très mal exploité, regrette le Français Jean-Christophe Péraud (AG2R La Mondiale), premier Bleu au général (14e à 3’29). On a plus défendu son maillot qu’autre chose. Movistar et Saxo ont eu l’occasion de faire basculer la course. Ils ne l’ont pas saisie, à mon avis. »

En auront-ils une autre pour faire payer à Chris Froome ce KO infligé à Ax 3 Domaines, samedi ? Au contre-la-montre du Mont-Saint-Michel (33 km), mercredi, le Britannique va encore faire mal. Et repousser un peu plus ses principaux adversaires avant le Ventoux puis les Alpes. « Chris Froome a marqué de gros points à Ax 3 Domaines, explique Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France. Il est en position de force. Mais tout est possible. Il faut qu’il y ait une tactique de harcèlement. Il y avait une surpuissance numérique de Movistar. Seul Quintana a attaqué. Il ne faut pas qu’ils courent à la T-Mobile des années perdues… »

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