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TOUR DE FRANCE – Guimard : ‘‘Pour le podium, ça se gâte déjà pour les Français’’

Cyrille Guimard

Cyrille Guimard - DR

Membre de la Dream Team RMC Sport, Cyrille Guimard revient sur la deuxième étape du Tour 2015, courue ce dimanche entre Utrecht et Zélande (Pays-Bas). Une journée marquée par le bon coup du duo Froome-Contador au général et par la victoire du sprinteur allemand Andre Greipel.

« Avec le vent, même s’il s’est calmé sur le final, on s’attendait à ce qu’il y ait des dégâts dans cette deuxième étape. Les coureurs étaient tous prévenus, ils savaient comment ça allait se passer mais quand vous avez des conditions comme celles-là, le vent, la pluie, il n’y a plus que des charognards dans le peloton. Personne ne fait de la place et quand on peut prendre celle des autres pour se mettre à l’abri, on le fait. Il y a ceux qui roulent devant et ceux qui font les cassures derrière et il faut se battre à coups d’épaule, avec de la hargne, du caractère, de la personnalité. Ceux qui se sont fait piéger aujourd’hui n’ont pas eu ces qualités, même s’ils les ont dans d’autres circonstances.

Dans ce genre de situation, il faut aussi être patron. Pourquoi Chris Froome et Alberto Contador s’en sortent ? Parce qu’ils ont mis en route les bordures avec les Etixx-Quick Step et les Lotto-Soudal. En déclenchant, ils étaient dans les premières positions, dans l’aspiration entre eux. Derrière, vous vous battez dans le vent et vous finissez par sauter. Ça a été le cas au niveau de Vincenzo Nibali, un peu esseulé sur le plan de ses équipiers, et ça a aussi été le cas pour Thibaut Pinot, Nairo Quintana et d’autres. AG2R n’était pas là non plus avec Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet. Il n’y en a que deux qui ne sont pas piégés, tous les autres ont pris plus d’une minute vingt dans les carreaux !

« Barguil a fait une superbe étape »

Il faut noter la belle course du Français Warren Barguil (10e de l’étape, ndlr), qui a eu la capacité d’accompagner son équipier Tom Dumoulin. Il a fait une superbe étape et ça le replace au classement général. Pour ce dernier, par rapport à Froome, le premier des favoris, Tony Gallopin est à 12 secondes et Barguil à 37. Pinot est à 1’19’’, Nibali à 1’21’’, Péraud à 1’37’’, Quintana à 1’39’’ et Bardet à 2’12’’. Cela veut dire que même pour les places sur le podium, ça se gâte pour les Français.

On avait sur ce final très peu de sprinteurs par rapport à l’ensemble des coureurs engagés. Ils n’étaient plus que trois : Andre Greipel et Mark Cavendish, qui sont deux des meilleurs mondiaux, et Peter Sagan, qui va également très vite. Ça a été un vrai carnage : Bouhanni, Démare et Coquard ont sauté, pour parler des sprinteurs français, et Degenkolb aussi. On voyait difficilement Cavendish se faire battre car il des qualités de sauteur par rapport à Greipel, qui est plus un sprinteur long. Son train l’a bien emmené mais l’a peut-être laissé un peu loin. Il a été obligé de lancer 20-30 mètres trop tôt, avec dans son sillage l’immense et le musculeux Greipel, et ce dernier l’a enrhumé dans les 50 derniers mètres. Et comme Cavendish s’est relevé, c’est Cancellara qui finit troisième et prend quatre secondes de bonifications pour endosser le maillot jaune qu’aurait pourtant pu récupérer Tony Martin, l’équipier de Cavendish. Ce dernier a fait une faute et Greipel a su saisir sa chance. Et quand vous remportez une étape, vous savez que vous avez déjà assuré votre Tour. »

Cyrille Guimard