Tour de France : le Ventoux fait toujours trembler

Alberto Contador et Andy Schleck à l'assaut du Ventoux sur le Tour de France 2009 - -
Six heures d’angoisse. Une quarantaine de minutes de supplice. Les jambes qui tremblent, puis brûlent. Le Ventoux. Sa forêt. Terrible. Son sommet. Lunaire. Sa légende. Effrayante et stimulante. Un Géant de 1900m, à vaincre sous une chaleur écrasante et au bout de la plus longue étape de ce Tour de France (242,5 km depuis Givors). Pour sa 100e édition, la Grande Boucle ne pouvait éviter le mythe. Elle s’y attaque ce dimanche pour la 15e fois (8e arrivée au sommet), nouvel épisode d’une histoire qui vira au drame en 1967 avec la mort de Tom Simpson. « Il est dur, mythique, parfois inhumain, mais c’est ce qui fait la beauté du Tour de France d’avoir de tels cols » explique Jean-René Bernaudeau, le manager d’Europcar. Et les passages n’érodent pas les sentiments. Le Ventoux fait peur, encore et toujours.
Aux anciens comme aux néophytes. Aux vieux soldats du peloton comme aux jeunes loups. Treize ans séparent David Millar (Garmin) et Thibaut Pinot (FDJ.fr). Une même sensation les rapproche. « Le Ventoux fait partie de l’histoire du Tour, avec les exploits, les tragédies… Si on est dans une mauvaise journée, oui, ça fait peur » reconnaît le premier, 36 ans. « C’est très long, très dur. Il n’y a pas de replat. Oui, il fait peur à tout le monde » confirme le second, 23 ans. D’autres approchent mentales du Géant de Provence existent. Il y a ceux qui ferment les yeux et s’imaginent ailleurs, comme Jean-Christophe Péraud (AG2R La Mondiale), premier Français au général (9e). « Dans l’effort, c’est la même chose que sur un autre col. C’est juste le nom qui change. »
Vichot : « On peut s’attendre à une grosse bagarre »
Et il y a ceux qui ne savent pas ce qui les attend, qui ne connaissent pas ses 20,8 km d’ascension, ses passages à 10,6% dans la forêt et à 9,5% en approchant de l’observatoire. « Ça va être une découverte » avoue Romain Bardet (AG2R La Mondiale), 22 ans. Ses aînés l’auront-ils suffisamment informé du danger ? « C’est le plus bel exemple de face-à-face entre le coureur et la montagne » sait-il déjà. « Un monument du cyclisme, pour le champion de France, Arthur Vichot (FDJ.fr). C’est un décor à part, une montée à part. C’est très difficile et en plus, c’est vachement exposé à la chaleur. On peut s’attendre à une grosse bagarre. » A des leaders offensifs, une semaine avant les Champs-Elysées.
Et à des Français déterminés. Parce que c’est le Ventoux. Et parce que c’est le 14 juillet. « Le Ventoux un 14 juillet, ça va être quelque chose, pressent Romain Bardet, auteur d’un bon premier Tour avant de perdre 10’07 dans les bordures vendredi. Beaucoup de Français seront motivés. » Arthur Vichot, par exemple. « C’est important pour les Français de se montrer, explique le porteur du maillot bleu-blanc-rouge. Se faire plaisir en abordant le Ventoux en tête, ça peut être pas mal. On va essayer d’être devant. » Jusqu’au bout ? Raymond Poulidor (1965), Bernard Thévenet (1972), Jean-François Bernard (1987) et Richard Virenque (2002) l’ont fait. Un cinquième astronaute tricolore est recherché.
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