Tour de France : Portal, la voix du succès

Directeur sportif de l’équipe Sky, Nicolas Portal a été d’une aide précieuse pour Chris Froome sur ce Tour de France victorieux. L’ancien coureur, qui avait été gêné par des problèmes cardiaques à la fin de sa carrière, est adoré par les « British ».

La tête baissée, la main sur le col de son maillot. Pendant trois semaines, et surtout en montagne, Chris Froome a été un adepte de l’oreillette. A qui parlait le futur vainqueur du Tour de France ? A un Français, assez souvent. L’homme qui murmure à l’oreille du maillot jaune, c’est Nicolas Portal. Un Auscitain de 34 ans, professionnel pendant huit ans (2002-2010), qui a connu la Sky en tant que coureur à la fin de sa carrière et s’est reconverti en directeur sportif de la formation britannique. « C’est juste une coïncidence de la vie, explique-t-il. En 2010, à la Vuelta, Dave Brailsford m’a proposé d’intégrer la direction sportive de l’équipe. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai réfléchi. Finalement, j’ai donné ma réponse assez rapidement parce que j’y pensais tous les matins quand je me levais et tous les soirs quand je me couchais ! Je me suis dit que c’était le bon moment. »

Il était devant les voitures, avec ses jambes pour seul moteur. Il est monté à l’intérieur, avec les chevaux pour apporter son aide aux coureurs. « En 2009, j’ai été obligé d’arrêter parce que j’ai eu des problèmes d’extrasystoles (troubles du rythme cardiaque, ndlr), raconte Nicolas Portal. Je n’ai pas de maladie cardiaque, mais il y avait des soucis parce qu’on ne savait pas d’où ça venait. J’ai fait pas mal de choses pendant cette année-là. Ça m’a ouvert l’esprit. J’ai passé des tests et j’ai pu courir en 2010. J’aime le vélo, j’en ferai toute ma vie. Je peux avoir un boulot normal. Mais là, c’était une bonne opportunité de continuer. » Après un test concluant sur le Tour d’Espagne 2012, Dave Brailsford l’a même propulsé numéro 1 des directeurs sportifs pour le Tour de France 2013. Avec, comme première mission, de contribuer à la victoire de Chris Froome sur les Champs-Elysées.

Portal : « Une fierté personnelle »

Mission accomplie. « Nico, c’est un mec super, confie Chris Froome. Il est jeune. Il a arrêté le vélo il y a seulement trois ans. Il comprend beaucoup de choses car il est tout juste retraité. Je suis content de travailler avec lui. Il est très ouvert et je pense que toute l’équipe apprécie de travailler avec lui. » « Il a un grand avenir, estime même le grand patron, Dave Brailsford. Il fait un super job. Des fois, il faut donner une chance aux jeunes. Il l’a saisie. A 34 ans, se retrouver dans cette situation, ce n’est pas évident. Il gère ça de façon admirable. » Et ne se trompe ni sur les mots, ni sur les conseils tactiques, quand le leader se retrouve dans une situation délicate. « Quand Chris était seul dans les Pyrénées, sans coéquipier, il n’y avait que Nicolas avec lui. Le support psychologique que Nico a pu donner à Chris a été énorme » souligne Dave Brailsford.

« Je suis là pour amener un petit plus dans la journée, préfère analyser l’intéressé avec modestie. Quand un coureur est en plein effort, ce n’est pas évident d’avoir une vue globale sur ce qu’il se passe dans le peloton. J’apporte des indications. Je suis là pour adapter le plan en fonction de la situation, aussi. » Ancien coéquipier d’Oscar Pereiro et Alejandro Valverde à la Caisse d’Epargne, il avait vécu la victoire à retardement du premier en 2006, après le déclassement de Floyd Landis. Sur les Champs-Elysées, ce dimanche, le champagne était à l’heure. « C’est une fierté personnelle, savoure Nicolas Portal. Ce sont des choses qui marquent. Je ne suis pas sur le vélo avec eux, mais je suis dans la course. Je sens le stress. C’est très spécial. J’aime la compétition, la performance, le détail. Pour le moment, ça a été un bon choix. » Le « Frenchie » de la Sky voit la vie en jaune.

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