Le malaise Vinokourov

Le Kazakh de nouveau sur un podium... - -
Un drôle de sentiment plane sur Ans (Belgique). Quelques minutes seulement après la victoire d’Alexandre Vinokourov sur Liège-Bastogne-Liège, le deuxième succès du Kazakh dans la Doyenne, ils sont nombreux à s’interroger sur la valeur de l’ « exploit ». Tout simplement parce que la star d’Astana signe de façon fracassante son retour aux affaires après une suspension de deux ans consécutive à un contrôle à l’homotransfusion sur le Tour de France 2007. « Les classiques se terminent avec une victoire de Vinokourov, je vous (les journalistes) laisse le soin de commenter ces beaux moments », abrège même un Jérôme Pineau plein d’ironie.
Le détachement du coureur de la Quick Step est révélateur de l’état d’esprit du peloton. Les directeurs sportifs des équipes françaises ont ainsi refusé de s’étendre trop longuement sur sa performance. « Ça ne m’émeut pas plus que ça », s’est ainsi contenté de commenter Eric Boyer, manager de Cofidis. Mais une fois les caméras éteintes et les micros fermés, les observateurs avertis sont bien moins tendres avec le coureur Astana. « Le mauvais côté des choses, c’est que vous allez de nouveau passer pour des charlots », a ainsi lâché un membre d’encadrement d’équipe française à certains de ses coureurs.
Biver : « Tant pis pour le vélo… »
Car depuis son retour en août 2009, Vinokourov s’est imposé dans une étape du Tour de l’Ain la saison dernière pour sa course de rentrée, mais aussi dans le Chrono des Herbiers, le Tour du Trentin la semaine dernière et donc Liège-Bastogne-Liège cette saison. De quoi faire bondir son ancien directeur sportif chez Astana en 2007, au moment de son exclusion du Tour de France. « Personne ne veut voir un garçon de 36 ans revenir après deux ans de dopage et s’imposer, tranche Marc Biver. C’est légitime que les gens se posent la question. D’ailleurs, la meilleure réponse, ce sont les sifflets au moment de son arrivée à Liège. Comment est-il possible qu’un coureur qui revient de deux ans de suspension soit aussi fort ? Chacun donnera la réponse qui lui convient. Si Vinokourov revient, tant mieux pour lui, mais tant pis pour le vélo. »