Valverde, une victoire entachée de questions

Un vainqueur de la Vuelta encombrant à quelques jours des Mondiaux. - -
A l’heure de sa consécration, Alejandro Valverde reste une énigme. Le Murcien de 29 ans, vainqueur dimanche à Madrid de son premier Grand Tour, charrie depuis 2007 une odeur de soufre. La faute à l’affaire de dopage sanguin Puerto, dans laquelle il reste enferré. Et qui l’a privé du dernier Tour de France. Condamné en mai à deux ans de suspension par le Comité olympique italien, Valverde n’avait pu prendre le départ de la Grande Boucle à cause d’une traversée de 80 km de l’autre côté des Alpes !
Depuis, le dossier est passé ente les mains du Tribunal Arbitral du Sport (TAS), qui doit se prononcer sur la légitimité d’un organisme disciplinaire étranger. C'est en effet à l’occasion du Tour d’Italie 2008 que le sang de Valverde avait été comparé avec une poche de sang recueillie lors d’une perquisition à Madrid l’année précédente. « Le seul organisme compétent est la fédération espagnole », ne cesse de clamer Valverde, en même temps que son innocence. L’Union cycliste internationale (UCI) est elle suspendue à la décision du TAS pour éventuellement étendre la sanction. Pendant ce temps, l’Espagnol court partout où il en a (encore) le droit, avec le soutien sans faille de sa formation Caisse d’Epargne.
La Vuelta est ainsi devenue, par défaut, l’objectif prioritaire de sa saison. « Il fallait que je me concentre et que je laisse de côté tous les problèmes », confiait-il samedi à l’issue du contre-la-montre de Tolède (27,8 km), où il avait définitivement assuré son maillot « de oro ». Son triomphe consommé hier à Madrid, il lui reste désormais un dernier but : les championnats du monde de Mendrisio (23-27 septembre), où il fera partie des favoris de la course en ligne.
Mais là encore, sa participation est entourée d’un voile d’embarras. Si les Mondiaux se déroulent en Suisse, la délégation espagnole sera logée cette semaine dans un hôtel de Côme… en Italie. Interdit d’y courir, il devrait toutefois pouvoir y dormir sans voir débarquer un bataillon de carabiniers. Et la proximité de l’échéance le met, a priori, à l’abri d’une décision expresse de l’UCI. Même si cette dernière avait tenté il y a deux ans de lui barrer la route des Mondiaux de Stuttgart, avant d’être désavouée en dernière minute par le TAS. « Valverde a tous les droits pour courir en ce moment, d’ici à ce que le TAS donne sa décision sur les deux appels déposés (par le coureur), a déclaré le président de l'UCI Pat McQuaid à RMC Sport peu après le succès de Valverde à Madrid. On a essayé de l’empêcher il y a quelques années, et on a échoué. On va cette fois attendre l’avis de la plus haute autorité disciplinaire sportive. » L’UCI doit désormais prier tous les saints pour que Valverde ne se pare dimanche du maillot arc-en-ciel. Un arc-en-ciel qui, une fois n’est pas coutume, pourrait précéder l’orage.