Voeckler : « Une année à oublier »

Thomas Voeckler - AFP
Thomas, comment se passe votre reprise ?
J’ai recommencé à courir dimanche dernier sur le Tour du Doubs. C’était une reprise en douceur car ce n’est pas une des plus grosses courses du calendrier. Mais pour moi, c’était un super moment de pouvoir remettre un dossard un peu plus de trois semaines et demie après mon accident et mon opération. J’étais content de remettre un dossard pour finir l’année. J’avais prévu de faire ma rentrée ce week-end (avec notamment le GP d’Isebergues ce dimanche, ndlr) mais Alexandre Pichot s’est blessé et a été forfait au Tour du Doubs donc j’ai été appelé en remplaçant. J’étais heureux car je n’avais pas envie de finir ma saison sur une chute, renversé par une voiture. Reprendre la compétition était important pour moi-même si en termes sportifs, il sera compliqué d’avoir un pic de forme d’ici à la fin de saison. Mais au moins, je n’aurai pas fini sur une mauvaise note.
Avez-vous pensé à tirer un trait sur votre saison suite à votre accident en août ?
Oui. Sur le moment, quand je me suis fait percuter par la voiture et que j’ai atterri plusieurs mètres plus loin, je pensais avoir plus de dégâts qu’une fracture de la clavicule. Pendant quelques minutes, je ne pensais pas à la fin de saison mais plutôt à ma santé. Mais je ne suis pas quelqu’un qui baisse les bras face au mauvais sort ou à l’adversité. Je ne vais pas dire que ça ne m’a pas traversé l’esprit quelques secondes quand je me suis retrouvé assis par terre. Je me suis dit : ‘‘J’ai 35 ans, j’ai vécu des super choses, ce n’est pas pour me faire renverser par une voiture deux fois dans l’année’’. Mais ça n’a pas duré plus de quelques secondes. Dès le soir, une fois le diagnostic tombé, je me penchais déjà sur le calendrier pour voir quand je pourrai éventuellement reprendre. Au début, je me forçais à ne pas trop anticiper mais le naturel reprend le dessus. J’aurais très bien pu, suite à cette chute, dire que j’arrêtais la saison pour reprendre les bases en vue de l’année prochaine. Mais ça me gratte. J’ai envie d’aller rouler, d’être en course. Quand on m’a appelé pour remplacer un coureur sur le Tour du Doubs, j’étais tout content. A mon âge, avec les années d’expérience, ça pourrait paraître lassant. Mais quand je remets un dossard, je suis comme un jeune.
A l’entraînement, avez-vous désormais l’appréhension des voitures?
C’est compliqué, oui, je ne suis pas très serein. Ça va mieux maintenant mais j’ai repris depuis deux semaines et demie et lors de mes deux-trois premières sorties sur route, j’étais presque terrifié dès qu’il y avait une voiture. J’étais très craintif. Je suis encore très prudent dans les carrefours mais ça va de mieux en mieux.
Quel bilan tirez-vous de votre saison 2014 ?
J’ai envie de dire que je n’ai pas eu de bol. Il y a eu des années dans ma carrière où j’ai eu un petit peu de réussite. L’année dernière, je n’en ai pas forcément eu beaucoup mais en dehors du Tour, j’avais quand même eu des résultats plus que corrects. Cette année, je suis tombé deux fois. La première avant ma première course en Australie. C’était un peu de ma faute, il faut l’avouer, et je me suis cassé la clavicule. Et la seconde au mois d’août, avec la voiture. J’ai eu la chance de ne pas tomber en course mais la malchance de tomber deux fois hors course avec des blessures à la clé. C’est une saison à oublier. D’un point de vue personnel, j’ai vécu un bon Tour de France. Je fais une place de deuxième à Bagnères-de-Luchon, où j’avais eu l’occasion de gagner deux étapes dans le passé. Si j’avais pu convertir cette deuxième place en première, j’aurais oublié ces deux chutes et ces deux fractures. Ça aurait été une très grande fierté.
Vous ne participerez pas au Mondial. En aviez-vous fait un de vos objectifs ?
Ça fait quelques années que j’ai une très bonne relation avec les différents sélectionneurs. Après, je ne suis pas un coureur qui va essayer de se vendre. J’ai le niveau ou pas. Là, toute ma première partie d’année a été très moyenne, même si j’ai des circonstances atténuantes, donc j’avais envie de redresser la barre sur cette fin d’année et ça passait par une sélection et pourquoi pas une belle journée au Mondial. Mais à partir du moment où j’ai eu ce coup d’arrêt en août, même en reprenant vite comme je l’ai fait, ça n’aurait même pas été la peine d’être dans la présélection. On connaît le vélo, le niveau d’un Mondial, et si c’est pour y aller à 50%, ce qui veut dire ne rien y faire et prendre la place d’un autre, ça ne sert à rien. Moi-même, je ne me serais pas sélectionné. Si on n’est pas à 100% de sa condition, on n’y a pas sa place.