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Equitation: Jeanne Sadran, fille de l'ancien président du Toulouse FC et cavalière montante d’Hermès

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Jeanne Sadran et son cheval Dexter de Kerglenn ont remporté l’épreuve CSI5* à 1,55 m, au Saut Hermès en mars dernier. La Toulousaine de 23 ans est de retour pour le CSI5*, dimanche 27 avril, au Printemps des Sports Équestres, accompagnée de son père, Olivier Sadran. En grand passionné de sport, cet ancien dirigeant du Toulouse Football Club suit de près le parcours de sa fille.

Vous avez rejoint la maison Hermès début 2025. Qu’est-ce que ça représente pour vous de rejoindre cette maison emblématique?

Jeanne Sadran: Je suis très fière d’avoir pu intégrer la famille Hermès. C’est une grande maison avec peu de cavaliers partenaires, donc je suis très heureuse de pouvoir faire partie de ce petit groupe restreint. Il y a une super équipe qui gravite autour de nous et qui fait en sorte qu’on soit le mieux possible avec le matériel. Elle est aussi présente pour créer de nouveaux produits afin de nous aider dans nos échéances sportives.

Quels sont vos sentiments après votre victoire au Saut Hermès le 22 mars 2025?

J.S: Le Saut Hermès était une grosse date pour moi. C’était le retour au Grand Palais donc il y avait beaucoup d’attente mais ça s’est bien passé. Dexter s’est très bien comporté et adapté dans ce concours un peu particulier sous la grande verrière et avec une petite piste. C’était chouette de pouvoir leur offrir une belle victoire pour le retour au Grand Palais.

Qu’est-ce que cela vous inspire de voir votre fille intégrer la maison Hermès?

Olivier Sadran: C’est un fleuron français. C’est une entreprise majeure en France. Une entreprise d’artisanat, de valeurs et qui a un matériel de très grande qualité. Donc c’est toujours très bien d’être associé aux meilleurs.

Vous avez été coaché par Julien Epaillard puis par Simon Delestre, deux cavaliers médaillés de bronze au saut d’obstacles en équipe aux JO de Paris. Que représentent ces figures pour vous et qu’est-ce qu’elles vous ont apportées?

J.S: Ce sont deux cavaliers très talentueux. Mais surtout de belles personnes. Ce sont de vrais compétiteurs. Ils ont vraiment ce goût de victoire qui me manquait quand j’étais jeune. J’ai eu Julien dans la première phase de mon ascension vers le 5* et il m’a mis en confiance, il m’a appris à me surpasser et à me battre. Puis Simon est venu en deuxième phase. Il m’a transmis beaucoup de choses sur la formation d’un cheval vers le haut niveau et comment construire son écurie. Il m’a appris à toujours construire son avenir pour rester dans le haut niveau. C’est vraiment une chance que mes parents m’aient permis de m’entraîner avec de tels cavaliers. Aujourd’hui c’est un vrai atout.

Comment vous préparez-vous à un concours comme le CSI5* à Fontainebleau?

J.S: C’est un travail de longue haleine pour que les chevaux aient une vraie condition physique, un vrai cardio et qu’ils soient aptes à concourir plusieurs week-ends d’affilée. Avant le CSI5* de Fontainebleau, j’ai eu quinze jours pour bien me préparer à la maison. Ça m’a permis de retravailler les choses qui avaient un peu péché au dernier concours et d’aller plus loin sur le cardio des chevaux. Ce sont des choses qu’on n’a pas forcément le temps de faire quand on est en concours tous les week-ends donc de temps en temps c’est bien de rester à la maison et d’aller plus loin dans le travail. J’ai l’impression que les chevaux sont vraiment prêts pour ce week-end. Ce concours est très important, il faut être au rendez-vous car il devrait donner des indications aux sélectionneurs pour les championnats d’Europe.

Avec Dexter de Kerglenn vous avez l’air de former un couple solide. Il a encore beaucoup à apprendre?

J.S: Il a encore beaucoup de choses à apprendre, j’ai aussi beaucoup à apprendre, pour qu’on continue à endurcir notre couple et avoir des bases encore plus solides qu’elles ne le sont déjà. Mais Dexter reste un cas particulier car il fait partie de la classe des surdoués. Donc il faut le maintenir et continuer à garder ce qui est bon et améliorer le reste. Mais comme il est très doué il faut composer avec lui!

Vous suivez votre fille sur ses concours, vous la conseillez ou elle se débrouille seule?

O.S: Elle se débrouille très bien toute seule ! Disons que ça me permet de continuer d’assouvir ma passion pour le sport. Et puis si je peux lui faire profiter de mon expérience de vingt ans en ayant été proche du sport de haut niveau, avec des détails qui sans doute à la fin font la différence, c’est avec plaisir !

Olivier, vous avez racheté le Toulouse Football Club en 2001, et vous l’avez dirigé jusqu’en 2020. Qu’est-ce que cette expérience vous a permis de transmettre à Jeanne notamment sur le plan de l’exigence dans le sport de haut niveau?

O.S: Jeanne est née quand j’ai racheté le club de football de Toulouse. Et pendant vingt ans, j’ai vu passer des joueurs très doués qui n’ont pas toujours confirmé, des joueurs moins doués qui ont confirmé par le travail. J’ai vu passer des joueurs qui étaient très forts mentalement, d’autres qui le sont devenus. Ce n’est pas toujours une qualité que d’être très doué jeune. Le travail est important, il n’y a pas beaucoup de place. Il n’y a donc pas de place pour le hasard, c’est pour ça que tout doit être géré, organisé dans le moindre détail. De temps en temps, on a l’impression qu’il y a des détails qui n’ont pas d’importance, mais si ça met en confiance le cheval et la cavalière, c’est déjà une partie du chemin qui est fait. Le haut niveau demande beaucoup de sacrifices que les gens ne voient pas toujours. C’est beaucoup d’efforts souvent peu récompensés. Il faut avoir de la patience, savoir gérer les échecs, c’est très important pour réussir sur la longueur.

Est-ce que vous sentez que l’expérience de votre père vous a permis d’acquérir ces éléments clés pour votre carrière professionnelle?

J.S: J’ai grandi avec le club de foot, j’ai baigné dedans depuis toute petite. C’est en grandissant que je me suis rendue compte que certains détails prenaient sens. Mon père me parlait toujours d’une pyramide. Le haut niveau, c’est le haut de la pyramide. Quand on veut atteindre le haut niveau, on perd des gens au fur et à mesure et à la fin il en reste très peu. C’est image m’est restée, car elle est vraie. Le haut niveau c’est beaucoup de sacrifices, c’est éprouvant voire usant, et le plus dur c’est d’y rester. 

Domitille Cortes