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Sabre, épée, fleuret... Les gros chantiers de l'escrime française après des années de conflit

L'escrimeuse française Auriane Mallo-Breton en finale de l'épée, JO de Paris, 27 juillet 2024

L'escrimeuse française Auriane Mallo-Breton en finale de l'épée, JO de Paris, 27 juillet 2024 - ICON Sport

L’équipe de France d’escrime participera aux championnats de France à Antony, le week-end du 21 décembre. L’occasion pour la fédération de débuter un nouveau cycle, mené par une direction qui souhaite redresser la barre après des années de tumulte.

Se remettre la tête à l’endroit. C’est sûrement le premier objectif du nouveau président de la Fédération française d’escrime Rémy Delhomme. L’ancien président Bruno Gares, élu en 2020, avait démissionné à un mois des Jeux olympiques, laissant derrière lui une institution en plein chaos financier avec plus d’un million d’euros de déficit et des athlètes en guerre avec leurs entraîneurs.

Curieusement, la situation ne semble pas avoir trop plombé les performances, avec sept médailles glanées par l’équipe de France à Paris. Un avis que ne partage toutefois pas le nouveau président. "La division ne fait du bien à personne", insiste Rémy Delhomme. "Elle a même peut-être fait perdre une ou deux médaille d’or aux Jeux.” 

Les sabreurs toujours exilés

Et le challenge pour la nouvelle direction est de taille. Car les divisions, elles, sont toujours là. En partie liées aux très nombreux départs, parfois forcés. Vincent Anstett, entraîneur des sabreurs, avait notamment été démis de ses fonctions en mai 2023.

Un choix qui a poussé Maxime Pianfetti et les frères Patrice à le rejoindre, mais plus à l’Insep. "On s'entraîne toujours à la Paris Fencing Academy, avec en ligne de mire les Jeux olympiques de Los Angeles 2028", confie Sébastien Patrice, médaillé de bronze par équipe au Grand Palais cet été. Le problème, c’est que la fédération aimerait les faire revenir à l’Insep. "Les sabreurs et les épéistes, c’est eux qu’on appelle", raconte Brice Guyart, vice-président de la performance haut-niveau. "On va essayer de trouver des solutions. Travailler de son côté, ça ne marche pas. Il faut revenir à une unité. La division ne fait de bien à personne."

L'épée face à l'incertitude

Du côté de l’épée, le sujet n’est pas le même. Les deux stars de l’équipe Yannick Borel et Romain Cannone n’ont même pas décidé si elles poursuivaient leur carrière ou non et profitent d’une vie loin des pistes. Il faut dire que les tensions entre les deux hommes et leurs entraîneurs ont rythmé la période pré-olympique. Après des mois de relations tendues avec ses tireurs, Hugues Obry avait démissionné fin février, rapidement remplacé par Gauthier Grumier, pas plus apprécié. Même par Yannick Borel qu’il a accompagné jusqu’à sa médaille d’argent cet été.

Résultat, Grumier s’en va à Hong-Kong et l’épée française cherche toujours son successeur, en attendant le retour de ses stars. "Yannick et Romain ont raison de prendre leur temps. Romain, c’est quelqu’un qui aime d’autres sports, c’est de là que vient sa créativité sur la piste. Yannick est en Guadeloupe, il n’a pas dit qu’il arrêtait. Il va nous présenter son projet dans les prochaines semaines", ajoute Brice Guyart.  

Le fleuret doit "faire le deuil de Paris"

Côté fleuret, on attend le retour d’Enzo Lefort et d’Ysaora Thibus, blessés. Et le travail consiste surtout à réconcilier les athlètes avec leur sport, après la bulle olympique. “C’est très compliqué, je l’ai très mal vécu”, confie Pauline Ranvier.

"Il faut faire le deuil, prendre son temps et retrouver du plaisir et le goût du travail.” Entre finances, divisions et déprime post JO. La nouvelle direction a du pain sur la planche.

Maria Azé