Trois Français sur un fil

Jean-Michel Lucenay - -
Et à la fin de l’envoi, il n’y en aura qu’un qui pourra toucher du doigt son rêve olympique. Et encore, rien n’est sûr. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’une grosse tension envahira demain la salle de Coubertin pour le Challenge RFF (l’ancien Monal). L’enjeu de cette dernière étape de la Coupe du monde d’épée ? Rien de moins que la délivrance des derniers tickets pour les Jeux de Londres. Gauthier Grumier, 7e mondial, a déjà validé le sien. Mais ils sont encore trois Français à pouvoir rêver d’olympisme. Un seul y arrivera, peut-être.
Yannick Borel, Ronan Gustin, et Jean-Michel Lucenay peuvent encore y croire. Pour le dernier cité, le challenge est encore plus fort, puisqu’il doit l’emporter à Paris pour être assuré d’être du voyage. « Au moins je sais ce qu’il me reste à faire ! J’essaye de ne pas me mettre trop la pression. C’est de l’ordre de l’exploit de gagner à Paris, après une année qualificative compliquée. Mais j’ai tellement envie d’aller aux Jeux et d’y faire une médaille », dit-il. Avec le concours par équipes retiré du programme, il n’y a de la place que pour deux. Et les jeunes Yannick Borel et Romain Gustin n’ont, et c’est tant mieux, pas le respect de leurs ainés. « Je suis heureux de voir le niveau français augmenter. Mais mon seul adversaire, ce sera moi », prévient Lucenay, qui était à Pékin. Remplaçant, un mauvais souvenir.
« Je veux tout donner pour aller aux Jeux. Tout le monde y pense déjà », s’emballe Yannick Borel. Et tant pis si un copain reste sur le carreau. En fait, l’équipe de France serait ravie d’emmener un deuxième tireur, quelque soit son identité. « Car il y a d’autres candidats sérieux, pas que des Français, relève Eric Srecki, entraîneur national. Il a des Italiens, des Hongrois qui n’ont pas encore leur billet… » Bref, des cadors de l’épée qui pourraient laisser Gauthier Grumier bien solitaire en individuel à Londres. Au moment de se livrer une ultime bataille à trois pour un seul billet, des tensions internes auraient-elles vu le jour ? « Non, le collectif vit très bien au quotidien, à l’entraînement », précise Srecki. Demain, ce sera la fin du suspense et, peut-être, le début d’une aventure.