"C’est une catastrophe sociale": les conséquences inattendues de l'improbable effondrement du Stade de Reims

Le Stade de Reims dispute ce mercredi son barrage aller de maintien en Ligue 1 face au FC Metz. Pour les Rémois, qui pensaient n'avoir "qu'à" préparer leur finale de Coupe de France face au PSG en cette fin de saison, cette mésaventure chamboule tout.

Avec seulement 4% de chances d’être barragiste avant la 38e journée, le Stade de Reims croyait le maintien acquis. Malgré les messages d’avertissement du coach Samba Diawara, les joueurs n’ont pas sauvé le club et c’est tout le programme avant la finale de la Coupe de France contre le PSG qui se retrouve chamboulé. Et qui provoque une colère très vive chez les Rémois.

Des supporters furieux

Depuis le début de l’année 2025, le public d’Auguste-Delaune avait perçu la pente très glissante que le club empruntait. Des prestations indigentes ont abouti au limogeage de Luka Elsner début février. La direction est dans le viseur des critiques. Les Ultrem, principal groupe de supporters, ont décidé de boycotter le barrage à Metz ce mercredi. "Nous méritons mieux que Lacour et Caillot père et fils", ont ainsi déclaré les responsables du groupe en référence au DG Matthieu Lacour, au président Jean-Pierre Caillot et à son fils, directeur sportif, Pol-Edouard Caillot.

Au-delà du gâchis sportif, les supporters rémois ont le sentiment que la fête que constituait la finale de la Coupe de France est gâchée par ce barrage à jouer, comme l'explique Jérémy, 38 ans et supporter depuis qu’il est enfant. "J’ai carrément envoyé un mail à la billetterie officielle du Stade de Reims pour essayer de voir s’ils pouvaient rembourser les places. Sous le coup de la colère, j’ai dit que je ne voulais plus y aller. On ne s’identifie plus au club, c’est ça le problème. J’irai quand même au Stade de France parce qu’on aime le club".

Antoine, un autre supporter rouge et blanc, est lui plus mesuré. "Je pense que la fête va être là mais cela sera davantage populaire et familiale. J’emmène mon Papy avec moi. C’est une occasion de voir le Stade de Reims devant 80.000 spectateurs. L’issue de la finale ne fait peut-être aucun doute face à ce PSG. Si le match aller à Saint-Symphorien est réussi, je pense que l’équipe sera peut-être libérée pour la finale avec peut-être des nouveaux joueurs et des rotations".

Une mise en avant médiatique du club avortée

Cette semaine de finale de Coupe de France devait permettre de mettre en lumière le Stade de Reims de manière positive. Ce lundi matin, Jean-Pierre Caillot devait rallier le Stade de France à vélo. Un défi qu’il s’était lancé avec des amis, reporté sine die. Le club devait aussi faire visiter à plusieurs médias nationaux son centre d’entraînement qui est régulièrement agrandi. De nombreuses interviews étaient également prévues. Le barrage a fait tout tomber l’eau.

Le quotidien local L’Union s’est aussi adapté au dernier moment. "On a revu nos plans, confie Gérard Kancel, chef du service des sports du quotidien rémois. On a dû mobiliser des journalistes pour ces deux matchs de barrage à l’intérieur d’un gros évènement qui était la finale. La priorité du club, c’est de rester en Ligue 1. Les accès sont bloqués. On essaie de trouver des infos mais le club s’est renfermé sur lui-même. On prépare un supplément sur la Coupe de France. Personnellement, c’est la période la plus compliquée que j’ai vécue en tant que suiveur".

Des dommages collatéraux

La fin de saison est souvent l’occasion pour les clubs de mener différentes opérations. Les abonnés ont la possibilité de souscrire avec un supplément au bonus royal. Cette option permet de bénéficier d’invitations pour un match, d’assister à un évènement privé avec les joueurs. Mais à cause du barrage, la soirée prévue avec les joueurs sur la pelouse de Delaune a dû être annulée. En compensation, le club a décidé de remboursr les abonnés concernés avec un chèque de 30 euros et un billet pour le barrage retour.

C’est bien l’indisponibilité de la pelouse du Stade Auguste-Delaune qui est le cœur du problème. A chaque fin de saison, la pelouse subit un entretien spécifique pour la regénérer. Le barrage du 29 mai est un véritable casse-tête car il repousse les différentes opérations prévues mais ce match supplémentaire entraîne aussi l’annulation d’évènements sociaux et caritatifs. L’opération "Tous à Delaune" du district de la Marne avec l’organisation de toutes les finales départementales sur la pelouse des pros, est reportée sans garantie qu'elle puisse être organisée dans la foulée du barrage retour.

Un autre évènement est concerné: "Green de Stars", un tournoi de golf avec des anciens footballeurs professionnels comme Michel Platini, Bruno Germain, Didier Six. Cette année, l’organisateur Bruno Blachon, ancien joueur lui aussi, avait prévu de réunir 320 enfants ce mercredi sur la pelouse d’Auguste-Delaune. Un village des partenaires devait être installé avec la présence des célébrités. Tout a été annulé en début de semaine. "C’est une catastrophe sociale, déplore Blachon. C’est un projet de 10 mois que l’on avait monté avec la ville de Reims. Le Stade de Reims et Jean-Pierre Caillot nous aident aussi avec la possibilité d’utiliser les espaces VIP du stade. Tout s’est effondré en cinq minutes quand la société qui s’occupe du terrain a dit 'Non non non, les enfants présentent un risque de contamination avec leurs chaussures. Un champignon peut s’installer'. La solution de repli était le parking situé à côté mais manque de chance, la ville monte une tribune et un écran géant pour retransmettre la finale. Les plans sont tombés à l’eau malgré les efforts avec Monsieur Le Maire mais aussi l’appui du club et Jean-Pierre Caillot qui nous prêtait les LED, buvettes etc…."

L’entretien de la pelouse de Delaune est confié à la société ID Verde. Le Stade de Reims paie l’essentiel de l’entretien tout au long de l’année. Le pelouse hybride fait l’objet d’une attention particulière et millimétrée. Depuis plusieurs semaines, le risque d’un barrage et donc d’une annulation potentielle des manifestations prévues, était évoqué avec les différentes parties prenantes. Le but du capitaine havrais d’Abdoulaye Touré a eu des répercussions inédites pour un club qui ne s’attendait pas vraiment à jouer sa place en Ligue 1 en plein milieu d’une finale de Coupe de France.

Arnaud Valadon