C’est encore loin, le professionnalisme ?

Gaëtane Thiney, internationale et joueuse de Juvisy - -
Le foot féminin à Juvisy, c’est « presque » une religion. Avec ses six titres de champion de France, le club affiche le deuxième plus beau palmarès du foot féminin tricolore, derrière l’indétrônable Olympique Lyonnais (9 titres). Troisièmes du dernier exercice, les joueuses du FCF peinent pourtant à allier exigence du haut niveau et nécessité de travailler à côté. « Les filles ne vivent pas du foot, explique Sandrine Mathivet, coach de l’équipe première depuis trois ans. Elles travaillent, elles viennent à l’entrainement quatre fois par semaine et le dimanche. »
A des années lumières de leurs collègues masculins, les joueuses espèrent juste vivre de leur art. « Un club comme Juvisy subsiste par les subventions du conseil général, de la mairie, et de partenaires qui commencent à arriver, poursuit Mathivet. On essaie de se débrouiller, ce ne sont pas des sommes extraordinaires. On a besoin de plus pour se structurer et devenir professionnelles. Mais pas avec des sommes aussi indécentes que dans le foot masculin. Ça ne rime plus à rien. »
Mathivet : « Un devoir de mémoire »
Une qualification en quart de finale de la Ligue des champions, comme c’était le cas en 2010, peut parfois prendre des allures de chemin de croix. Pour jouer, certaines ont du affronter une hiérarchie souvent hostile pour poser de simples jours de congés. Des sacrifices consentis dans l’espoir de jours meilleurs. Du formidable élan donné par la Coupe du Monde, Sandrine Mathivet attend simplement qu’il ne soit pas trop éphémère. Et se souvient de toutes celles qui ont permis au Bleues d’en arriver là : « On a un devoir de mémoire. Pendant des années, des femmes ont joué au foot en se battant contre les préjugés. C’est aussi leur victoire. »