
Cantona est-il crédible ?

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Si Eric Cantona voulait faire du buzz, c’est réussi. A 45 ans, l’ex-gloire de Manchester United n’a pas suscité que des éloges en s’engageant politiquement aux côtés de la Fondation Abbé-Pierre. Ancien sportif de très haut niveau, comme lui, David Douillet, aujourd’hui ministre des Sports, n’a pas accordé beaucoup de considération à l’engagement citoyen de « Canto », à la recherche des 500 signatures : « Cela ne m’inspire pas grand-chose, a déclaré l’ancien judoka. C'est une période où il faut savoir être sérieux. »
Le politicien Patrick Braouezec, président de la Fondation du football, dont Eric Cantona est l’un des membres, s’est montré beaucoup plus incisif : « C’est une fausse bonne idée, a-t-il déclaré. Il devrait continuer à s’occuper de football, faire du cinéma et laisser au monde politique le soin de faire de la politique. Il devrait déjà s’impliquer là où il a pris ses responsabilités. A la Fondation du Football, on ne le voit pas ! C’est une candidature sympathique mais ça ne serait pas sérieux qu’il aille jusqu’au bout. »
Canto, militant actif depuis sept ans
Mais qu’en est-il exactement de son engagement aux côté de la Fondation Abbé-Pierre ? Pour Christophe Robert, délégué adjoint de la Fondation, la crédibilité d’Eric Cantona ne fait aucun doute. L’intéressé rappelle que l’ancien joueur milite depuis sept ans, qu’il ne s’est pas découvert une âme sociale du jour au lendemain. « Ce n’est pas un coup de pub, mais un coup citoyen, assure-t-il. Cette action vise à ce que ce problème de logement soit davantage traité. Qu’il soit mis sur la pile des dossiers ! Eric Cantona, qui est parrain de l’association Abbé-Pierre, incarne bien ce combat. »
Est-il souvent disponible ? Si Robert reconnaît qu’il y a « des périodes où il est très impliqué par ses activités artistiques (Il a tourné trois films en 2011, ndlr) », Cantona n’a jamais ménagé ses efforts sur le terrain. Pendant plusieurs mois, accompagné de membres de la fondation, il a parcouru la France des mal-logés. De la région parisienne en passant par Metz à la Réunion et même le Brésil où la fondation Abbé-Pierre est aussi active, Cantona a été le témoin de « situations inacceptables. » Livres, clips, de nombreux supports ont été utilisés pour faire passer les messages d’urgence. Cantona a financé lui-même les déplacements nécessaires à ces reportages. Et Christophe Robert d’ajouter : « On l’a sensibilisé sur l’habitat indigne en lui proposant de faire un clip. Il a dit oui tout de suite. » Assurément investi, Eric Cantona parviendra-t-il à convaincre les politiques et l’opinion ? Il essaiera en tout cas d’éviter le fiasco de 2010 lorsque dans un élan « révolutionnaire », il avait demandé aux Français de retirer leur argent des banques.