Champagne : "Je sais ce qu’il faut changer à la Fifa"

- - AFP
Jérôme Champagne, où en êtes-vous dans votre campagne pour la présidence de la Fifa ?
Ce sont des visites au Sénégal, en Ethiopie, en Afrique du Sud, au Paraguay, au Brésil… Il n’y a pas de discipline continentale de vote. C’est une illusion, un raccourci trop facile. Chaque fédération a sa propre vision, ses propres besoins, ses propres décisions et il faut donc aller chercher tout le monde.
Est-ce un avantage d’avoir été secrétaire général adjoint de la Fifa ?
J’y ai passé 11 ans et j’en suis fier, mais j’en ai été viré en janvier 2010. Par mon expérience personnelle, je sais ce qu’on peut y garder les programmes de développement, amener les compétitions de la Fifa partout, le développement du football féminin… Et je sais, pour avoir été victime d’une guerre de palais en janvier 2010, ce qu’il faut changer : ramener le football au centre des choses, ramener de la transparence et surtout, rééquilibrer les pouvoirs.
Le fait que Michel Platini ait retiré sa candidature rebat-il les cartes ?
Je crois que la course est très ouverte. Je suis français, fier de l’être et si j’ai la chance d’être élu, j’apporterai une forme de vision française de ce qu’a été l’histoire du football.
Avoir travaillé avec Sepp Blatter peut-il nuire à votre candidature ?
Michel Platini a été élu président de l’UEFA en 2007 grâce à Sepp Blatter, le Cheikh Salman a été élu président de l’AFC (confédération asiatique) en 2013 grâce à Sepp Blatter, Ali ben Al-Hussein a été élu au comité exécutif en 2011 grâce à Sepp Blatter… Donc je ne crois pas que ce soit cette question-là. C’est une question de vision. Bien sûr, transparence, responsabilité, changement de style à la Fifa. Mais le thème central du football aujourd’hui, c’est la croissance des inégalités et le déclin de la compétitivité de nos compétitions.
« Le passé ne m’intéresse nullement »
Pourquoi vous détestez-vous autant avec Michel Platini ?
Moi, je ne le déteste pas. Je suis fier d’avoir appuyé M. Blatter à aider Michel Platini à devenir président de l’UEFA en 2007. La question est aussi de savoir pourquoi s’est-il opposé à la vidéo, pourquoi, avec d’autres comme Jérôme Valcke, ils ont poussé M. Blatter à me licencier… Mais c’est le passé et ça ne m’intéresse nullement.
Estimez-vous que les sanctions sont justes ?
Je ne peux pas me prononcer, je ne connais pas le fond du dossier.
Les gens n’ont plus confiance. Est-ce le signe qu’il faut mettre un coup de pied dans la fourmilière ?
J’ai eu un pied à l’extérieur et un à l’intérieur, puisque j’en ai été chassé. Je peux en parler avec aise. Tout ce qui a été fait ces derniers mois, critiquer M. Blatter comme étant le seul responsable… C’est une responsabilité collective au niveau du comité exécutif ! Prenez l’UEFA : il n’y a pas de commission d’éthique, on ne connait pas le salaire de son président, il n’y a pas eu d’enquête en 2007 pour l’attribution de l’Euro… Il y a un scepticisme général et il faut nettoyer, il faut de la transparence.
Le président de Sion, Christian Constantin, a expliqué qu’en quittant la Fifa, vous aviez touché un chèque de plusieurs millions de dollars en compensation. Confirmez-vous ?
Tout à fait. J’avais un contrat sur plusieurs années et on m’a fait une proposition. C’est une rupture conventionnelle de contrat de travail, comme ça se fait de plus en plus.
Quel est votre projet si vous êtes élu ?
Je pense qu’on a aujourd’hui besoin d’un vrai gouvernement du football. Sinon, pour des raisons politiques, commerciales, économiques ou parfois criminelles, notre sport va être pris dans les mains d’autres personnes. La deuxième chose, c’est la croissance des inégalités : le 20e de la Ligue anglaise gagne plus d’argent de la télévision que l’ensemble des clubs de la Ligue hollandaise... Il va falloir réfléchir à rééquilibrer la politique du chéquier par la politique de la formation.
« J’attends le soutien de la Fédération »
Noël Le Graët soutenait clairement Michel Platini. En tant que Français, attendez-vous un soutien de la Fédération et du football français ?
Bien évidemment. J’ai beaucoup de contacts dans le football français avec des personnes qui me soutiennent et le diront le moment venu. Mais j’attends effectivement le soutien de la Fédération française. Un Français qui prendrait la Fifa depuis 1954, ce n’est pas neutre pour notre pays et notre football, ni pour la candidature de Paris pour les JO 2024.
Comment financez-vous votre campagne ?
Je la finance moi-même, de façon transparente et si je suis élu, je rendrai mes dépenses publiques.