
Clubs, format... la Superligue européenne, à quoi ça ressemblerait?
C’est un vieux serpent de mer dont on pourrait bien apercevoir le bout de la queue plus vite qu’on ne l’aurait pensé. Le jour de son départ de la présidence barcelonaise, Josep Maria Bartomeu a été le premier dirigeant européen à prononcer le nom de Superligue européenne, murmurée dans la coulisse depuis de nombreuses années. Dimanche, sans la nommer précisément, Florentino Pérez l’a réclamée lors de l’assemblée générale de ses Socios, le président du Real Madrid priant pour une grande réforme du football sur le Vieux-Continent en ces temps de crise sanitaire et économique.
Alors si beaucoup verraient dans cette nouvelle compétition la mort pure et simple du football, d’autres militent ardemment pour un format qui avantagerait surtout les mastodontes européens, et leur permettrait de prospérer. Cette compétition parallèle serait organisée par la FIFA – soutenue par des fonds privés – à partir de la saison 2022-2023, et ferait sérieusement de l’ombre à la Ligue des champions de l’UEFA.
Une cage dorée fermée à double tour
Celle-ci rassemblerait chaque année tous les plus gros clubs du continent, dont la liste des participants serait déjà quasi-établie. Seize ou plus probablement dix-huit équipes, réparties comme suit: trois clubs espagnols (le Barça, le Real Madrid et l’Atlético de Madrid), deux allemands (le Bayern Munich et le Borussia Dortmund), trois italiens (la Juventus, l’AC Milan et l’Inter). En Angleterre, un doute réside encore sur les cinq participants (Manchester United, Manchester City, Liverpool, Chelsea, Arsenal et Tottenham seraient dans les starting-blocks), tout comme en France, où le PSG aurait une place garantie mais pourrait possiblement être accompagné soit de l’OM, soit de l’OL.
Resterait alors trois ou quatre strapontins réservés à quelques invitations en fonction des saisons. Et qui ne manqueraient pas de prétendants: l’Ajax, Porto, Benfica, le CSKA Moscou, le Zénith, l’AS Rome, Naples, l’Atalanta… Cette méga-ligue serait donc presque totalement fermée, repoussant loin de là le principe méritoire d’une qualification via les championnats nationaux qui régit l’actuelle C1. Les aléas sportifs seraient ainsi réduits comme peau de chagrin, les droits TV répartis entre quelques gloutons qui garderaient pour eux toutes les parts de l’énorme gâteau.
Saison régulière, Final 8…
Une fois assis sur ces dix-huit sièges en or, les heureux élus participeraient à un tournoi bien plus long que celui de la Ligue des champions – six matches en phase de poules actuellement, puis sept si une équipe va jusqu’en finale. Une bonne trentaine de matches par équipe ici, joués sur les dates du calendrier européen actuel et disputés dans un format calqué sur celui des puissantes ligues américaines que sont la NBA ou la NFL. Avec de nombreuses rencontres de saison régulière, et, pour les équipes les mieux classées, des play-offs semblables au "Final 8" déjà expérimenté cet été.
Les montants générés par cette compétition et donc perçus par ses participants seraient faramineux. Finaliste de la dernière édition de la Ligue des champions, le Paris Saint-Germain avait empoché plus de 130 millions d’euros au total grâce à l’actuelle plus prestigieuse des compétitions européennes. Si le projet, doté alors d’une exposition mondiale et fait d’enchaînements de chocs entre mastodontes européens, se concrétise, celui-ci pourrait rapporter au moins deux fois plus que l’actuelle mouture de la C1... Rien de bien étonnant, alors, à ce que Bartomeu, Pérez et consorts y aient jeté un œil particulièrement intéressé. Et ils ne sont probablement pas les seuls.