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OL: 5 images fortes après la victoire à Qarabag

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De son plus long déplacement de cette phase initiale de l'Europa League, l’OL est revenu, au petit matin ce vendredi, les voiles gonflées d’un vent porteur. Il va permettre de souffler (sereinement) la bougie pour la première année de Pierre Sage à la tête du groupe professionnel, mais aussi de donner un élan différent à l’enchaînement de matches (Nice, à au Angers et PSG en Ligue 1, Francfort en Europa League et les 32e de finales de la coupe de France dont le tirage au sort aura lieu ce lundi) d’ici la trêve de Noël. Pour l'OL, ce lointain voyage à l’est de l’Europe a tout du plan qui déroule sans accroc. RMC Sports a suivi la délégation.

Un après-match au pas de course

A peine le match terminé- 23h40, heure locale- les "activités médias" s’enchaînent rapidement avec une double facilité pour le directeur de la presse du groupe professionnel, Pierre Bideau : le diffuseur n’est pas présent à Bakou et seuls trois journalistes français ont fait le voyage. Il peut ainsi avancer le passage des joueurs prévus pour les "flash interviews" - réservés aux détenteurs de droits à la sortie du terrain -  en "zone mixte", secteur de la presse accréditée : ce sont ainsi des joueurs, tout juste séchés, mais encore en tenue après 90 minutes sous une pluie battante, qui jouent le jeu des questions-réponses avec des visages de suiveurs qu'ils ont l’habitude de côtoyer. Plus décontractés, car moins engoncés dans le caractère protocolaire de la conférence de presse et face à un tout petit comité - une caméra et deux médias de presse écrite -, Corentin Tolisso et Georges Mikautadze, deux des trois buteurs du soir prennent leur temps. En chœur, les joueurs insistent sur le vrai "plus" utilisé au stade Tofig Berahmov  à l'opposé de la recette maussade des dernières sorties frustrantes face à Besiktas (0/1) et à Hoffenheim (2/2) : "Je pense qu’on a été efficace, constate le Champion du monde 2018. Si on veut vraiment être pointilleux, on a concédé pas mal d’occasions quand même, ils ont été dangereux, ils ont touché la barre en première mi-temps, ils ont eu des situations aussi en 2e mi-temps où ils ont fait des gros ratés. Mais enfin voilà, on est content, on est venu ici pour gagner, on a gagné. Aujourd'hui on a 10 points en Europa League, donc c'est bien."

Retour dans la nuit

Des sourires, le sentiment du travail bien fait à l’embarquement à l’aéroport Heydar Aliyev de Bakou rallié sous escorte en à peine 30 minutes chrono, moins de 45 minutes après le coup de sifflet final; des traits tirés, des petits yeux à l'aéroport à Lyon-Saint Exupéry, une lassitude à la récupération des bagages qui s’éternisent. Entre les deux instantanés, un peu plus de 5 heures et demi  de vol - pour à peine la moitié de sommeil- et 4500 kilomètres parcourus qui permettent aussi de remonter le temps. Quand elle atterrit à Lyon à 5h30, la délégation lyonnaise a aussi "effacé" le décalage de 3 heures entre la France et l'Azerbaïdjan… Mais pour rendre ces heures d’après encore plus bénéfiques en termes de récupération, Pierre Sage décide, à la fin du match, d’annuler la séance de vendredi après-midi. Il retrouvera ses joueurs samedi pour déjà enchaîner avec la préparation de la 13e journée de Ligue 1 face à Nice. Pas de "RTT" en ce qui le concerne : il sera en conférence de presse à 15h mais sans joueur comme c’est la tradition à J-2 de la réception de Nice.

La qualification à portée de crampons

10 points, une place de 7e au classement avant de jouer deux fois sur trois (Francfort et Ludogorets) à la maison contre un seul déplacement en Turquie (Fenerbahçe) d’ici le 30 janvier, l’horizon se dégage pour au minimum les play-offs de cette compétition européenne que les Gones retrouvent après deux saisons "sans": "Il est difficile de se dire que c’est fait, car ce format est nouveau et nous n’avons pas de repères", retient en préambule Corentin Tolisso. Le ballotage reste favorable avec trois succès en cinq matches malgré la prudence de Pierre Sage : "Je pense qu’il faudra encore des points. De toute façon on se doit de continuer à performer, on va avoir des matchs devant notre public et on doit leur livrer de belles prestations pour qu’ils prennent du plaisir à nous voir jouer." Ce sera dans deux semaines face à Francfort au Groupama Stadium où 3000 fans allemands sont attendus.

Mikautadze voit double

Et puis il y a la titularisation, enfin probante et efficace de Georges Mikautadze auteur des premier et dernier but (14e et 80e). Enfin sur les rails ? "Maintenant je pense que l'adaptation elle est faite à 100% donc je suis content", savoure-t-il l'œil malicieux de celui qui voit enfin la lumière au cœur du royaume qu'il entend habiter. "Je suis dans la continuité de ce que j'ai pu faire face à Auxerre et en sélection. J'ai plus de temps de jeu et je cherche à me faire plus plaisir sur le terrain. Il fallait de l'adaptation. Et de la patience. Il y avait des réglages à faire. Mes deux buts sont beaux je crois."

Son entraîneur apprécie : "Il lui fallait rentrer dans le club, qu'il comprenne ce qu'on attendait de lui et il s'est fait pas mal accompagner par un gars de mon staff, Damien Dalla Santa. Cela lui a permis de passer un cap."

Et aussi permis au coach de gérer les temps de jeu : Alexandre Lacazette est resté sur le banc, Rayan Cherki et Malick Fofana sont sortis à cœur de la deuxième période quand Nemanja Matic et Corentin Tolisso (sa rentrée a dynamisé le jeu en deuxième période) ont joué au mieux une mi-temps. Seul petit couac : les bagages mettront près d'une heure à arriver sur l'anneau de livraison dans un aéroport qui se réveille à peine, laissant les intendants à leur tâche ingrate de récupération dans de longues minutes de patience.

D'un 30 novembre à l'autre

Samedi, cela fera 365 jours que Pierre Sage dirige les professionnels. D’abord en intérim pour le match à Lens puis pour la fin de la saison à partir de janvier 2024 et désormais, jusqu'en 2026 depuis début juillet. La tête encore dans le match et son déroulé favorable (Qarabag a touché deux fois les montants en première période quand Lyon ne menait que d’un but), le technicien n’a pas l’esprit tourné vers cette date. Il s’en sort par une formule qui cache malgré tout, la légitime satisfaction d’une trajectoire peu ordinaire : "souffler une bougie, c’est beau, mais si je pouvais en souffler 15 dans ce club que j’aime tant, je serai très content!"

Pierre Sage n’oublie cependant pas son cœur de métier, la formation, celle qu’il menait encore à la veille du début de son ascension il y a un an, il a ainsi lancé Enzo Molebe, jeune attaquant de l’Académie annoncé comme une vraie promesse : "le déroulé du match m’a permis de faire rentrer Enzo Molebe, le premier joueur de la génération 2007 à devenir professionnel. C’est aussi le devoir d d’un club comme le nôtre de permettre cela. J’espère que les joueurs qui sont restés sur le banc l’ont compris."

Pour le reste, de la pluie battante à Bakou à l’atterrissage dans un  épais brouillard à Lyon, l'OL a bien capitalisé de cette escapade sur les bords de la mer Caspienne, où 81 supporters avaient décidé, malgré le feu "rouge" mis par le ministère des affaires étrangères au déplacement de ressortissants français dans cette zone du globe assis sur une poudrière, aux frontières avec la Géorgie, l’Arménie, l’Iran et la Russie. Reste désormais à fructifier tout cela, dès dimanche face à Nice, où les récentes décisions de la Ligue priveront le Groupama Stadium d’un "guichets fermés", après la suspension des blocs correspondants au Lyon 1950 dans la tribune sud, qui pour fêter leur 15 ans dans le dernier derby avait fait craquer des fumigènes.

Edward Jay (à Bakou)