Coupe arabe: suspension, échec à Angers... l'incroyable trajectoire de Belaïli

À deux semaines de l'ouverture du mercato hivernal, l'OM paraît étonnement peu concerné par les rumeurs qui affluent traditionnellement de toute part à cette période de l'année. Certaines pistes ont bien été évoquées, comme celle menant au latéral gauche d’Anderlecht, Sergio Gomez, ou à l'international chilien Arturo Vidal, en manque de temps de jeu à l'Inter Milan. Mais rien de concret a priori. Les supporters marseillais, ou tout du moins certains fans très actifs sur les réseaux sociaux, ont visiblement un autre nom en tête: Youcef Belaïli. Du haut de ses 29 ans, celui qui vient de résilier son contrat avec le Qatar SC, et qui est donc libre de s'engager où il veut, brille depuis le début du mois à la Coupe arabe.
Une trajectoire chaotique
Cette compétition vieille de 58 ans remise au goût du jour, qui sert de répétition générale avant la Coupe du monde 2022, est devenue le terrain de jeu de Belaïli. Grand artisan de l'excellent parcours de l'Algérie, qui disputera samedi la finale contre la Tunisie, il a marqué les esprits avec un but venu d'ailleurs en prolongation des quarts de finale face au Maroc (2-2 ; 5-3 tab). Trouvé au milieu de terrain sur une longue relance de son gardien, il a contrôlé le ballon de la poitrine avant de se retourner et d'envoyer une demi-volée dans la lucarne. Un lob de 45 mètres exceptionnel, et une bonne illustration de l'immense talent de ce joueur, à nouveau buteur en demi-finale face au Qatar (2-1), avec un penalty transformé en deux temps au bout d'un temps additionnel surréaliste de dix-huit minutes.
Les Fennecs, champions d'Afrique en titre, auront bien besoin d'un Belaïli à son meilleur niveau pour faire plier les Aigles de Carthage. Il aura ensuite tout le temps de penser à son avenir. Et se rappeler qu'il (re)vient de loin. Car sa carrière ressemble à une courbe sinusoïdale faite d'incessants hauts et de bas, de moments de gloire et d'incompréhension. Ils étaient peu nombreux à miser sur son retour dans la lumière lorsqu'il a quitté Angers en janvier 2018, seulement quatre mois après sa signature. Alors sans club, l'élégant milieu offensif était venu se relancer dans l'Anjou, au sortir de deux ans de suspension pour consommation de substance illicite. C'était en 2015. Il avait 23 ans et était en pleine ascension du côté de l'USM Alger, qu'il avait rejoint un an plus tôt après avoir été élu meilleur joueur de l’ES Tunis lors de la saison 2012-2013.
La CAN 2019, un tournant
L'Europe lui faisait les yeux doux et son destin semblait tout tracé. Avant de voir ses rêves s'envoler avec un contrôle positif à la cocaïne. Pour sa défense, le prodige avait reconnu avoir fumé lors d'une fête sans savoir que de la cocaïne avait été mélangée au tabac. Sa suspension initiale de quatre ans avait ainsi été réduite à deux après un appel devant le Tribunal arbitral du sport. Mais sa carrière venait de subir un énorme coup d'arrêt. A la surprise générale, c'est donc Angers, par l'intermédiaire de son président Saïd Chabane, né à Alger, qui avait fait le pari de lui donner une seconde chance. "On est heureux de lui tendre la main. Tout le monde fait des bêtises, même vous, même moi! On l'a choisi les yeux fermés. Nous allons être patients avec lui. J’attends de lui qu’il vive bien et se fonde dans le groupe", expliquait le patron du SCO au moment de son arrivée.
Avant de vite déchanter. Pas utilisé par Stéphane Moulin et mécontent de sa situation, avec une seule apparition en Coupe de la Ligue toutes compétitions confondues, Belaïli s'était vite résolu à faire ses valises. Direction l'Afrique et un retour à l'ES Tunis. C'est là-bas qu'il retrouve sa forme et refait peu à peu parler de lui pour ses prestations sur le terrain et non plus pour ses frasques en-dehors. En 2018, son palmarès s'étoffe avec un titre de champion de Tunisie et une victoire en finale de la Ligue des Champions africaine. Bis repetita en 2019. Cette fois, il est lancé et ne s'arrête plus. Djamel Belmadi lui fait une place en sélection et n'hésite pas à laisser certains tauliers sur le banc comme Yacine Brahimi pour lui permettre de s'exprimer pleinement. Sans jamais le regretter.
Encore méconnu en Europe, Belaïli passe un cap supplémentaire lors de la CAN 2019 où son duo avec Baghdad Bounedjah fait des merveilles. Quand le buteur d'Al Sadd fait parler son impact physique dans le combat, Belaïli régale sur l'aile gauche par sa vitesse, sa hargne et sa technique. Un joueur d'instinct capable d'allier finesse et créativité, justesse et puissance. Et dont le téléphone n'a pas fini de sonner. "C'est très simple: j'ai envie de goûter au haut niveau et ma priorité va vers un retour en Europe, confiait-il en septembre 2020 à France Football. L'idée de revenir en Ligue 1 m'intéresse. C'est un championnat que j'apprécie, je sais qu'il est de qualité. J'ai envie de prendre une revanche et de montrer mes qualités." Un esthète de plus dans une Ligue des talents qui n'a jamais aussi bien porté son nom que cette saison? L'idée est alléchante. Et selon Foot Mercato, Saint-Etienne et Montpellier seraient notamment intéressés pour le faire signer cet hiver. Une bonne nouvelle pour notre championnat. Pas pour les fans de l'OM.