Henri Michel : « Les Egyptiens peuvent aller jusqu’au bout »

L'ancien sélectionneur des Bleus et notamment de la Côte d'Ivoire, passé aussi par le club égyptien de Zamalek, voit les Pharaons aller jusqu'au bout de la CAN. - -
Henri, prenez-vous du plaisir à regardez cette édition de la CAN ?
Non, elle ne me plaît pas, comme toutes les autres d’ailleurs. On a beaucoup de surprises, mais les conditions ne sont pas évidentes pour pratiquer un bon football, que ce soit la chaleur, les terrains. (…) On a des équipes jeunes qui ont envie et des équipes expérimentées qui passent à côté.
Le football africain a-t-il progressé ?
Il progresse, on a rattrapé un peu de retard par rapport aux très grandes nations, mais dans les compétitions majeures on n’est pas encore là.
Pourquoi ?
Il y a des traditions qui font que quelque fois ils ne mettent pas tout de leur côté. J’ai connu ça avec la Côte d’Ivoire avant le Mondial 2006. Je voulais faire un stage pour que les gars, les joueurs du championnat anglais notamment, ne partent pas en vacances avant la compétition mais après. Dans ces trucs là, il faut aller voir la famille, il y a des traditions contre lesquelles il est difficile de lutter. Il faut comprendre que pour des grandes compétitions comme ça il faut mettre toutes les chances de son côté.
Certaines nations comme le Cameroun ou la Côte d’Ivoire font-elles parfois preuve de suffisance ?
Sur les matches de cette CAN, il n’y a rien à redire. Ils ont été éliminés sur leur valeur, il suffit de voir les matches qu’ils ont fait auparavant, ce n’était pas terrible non plus. Mais quand on voit le talent de la Côte d’Ivoire, c’est un peu triste. Le Cameroun, c’est un peu différent, c’est une équipe en reconstruction.
Parmi les quatre demi-finalistes, une équipe vous a-t-elle particulièrement surpris ?
Le Ghana est avec beaucoup d’absences, des jeunes joueurs, la présence la plus agréable dans ce dernier carré. C’est la relève avec les derniers champions du monde des Moins de 20 ans. Il y a du talent et un sentiment de nouveauté.
L’Egypte en impose quand même…
L’Egypte est impressionnante mais ce n’est pas d’aujourd’hui. Ils s’appuient sur un club énorme Al-Ahly, il y a une stabilité dans l’équipe. Après leur élimination, le seul truc qui peut leur permettre de se racheter, c’est de remporter la CAN.
Comment joue cette équipe des Pharaons ?
Ils ont toujours la même organisation de jeu depuis des années. Ils jouent en 3-5-2, plus personne ne joue comme ça, mais eux l’appliquent à merveille, ils sont tellement habitués.
L’absence d’Abou Treika ne les a semble-t-il pas amoindri…
Son absence permet à Ahmed Hassan de prendre ses responsabilités, et on a vu quel joueur c’était.
Voyez-vous l’Egypte battre l’Algérie ?
L’Algérie, c’est solide et intéressant à voir jouer, sans oublier tout ce qui s’est passé auparavant. C’est l’équipe qui gèrera la pression et l’esprit de revanche qui gagnera. Mais je vois les Egyptiens aller jusqu’au bout.
Ce sera vraiment la clé du match ?
Peut-être bien. Les Algériens ont été secoués par ce qui s’est passé au Caire. Les Egyptiens ont tout fait pour les éliminer avec des manœuvres pas très sportives. Je pense que l’esprit de revanche va régner.
Hassan Shehata, le sélectionneur des Pharaons, donne l’impression d’être vraiment le métronome de cette équipe…
Je l’adore, il est placide, correct, il a une confiance énorme envers ses joueurs et ces derniers le lui rendent bien.
Comment expliquer l’absence de l’Egypte en Coupe du monde ?
C’est un mystère. Chaque fois qu’arrive un match décisif, ils passent au travers. Peut-être sont-ils aussi un peu suffisants, face à des adversaires qu’ils sous-estiment.
La CAN serait-elle plus importante à leurs yeux que le Mondial ?
Les Egyptiens sont capables d’arrêter le championnat un ou deux mois pour préparer la compétition. De la même façon que s’ils s’étaient qualifiés pour la Coupe du monde, il n’y aurait plus eu de championnat jusqu’au Mondial.