Renard : "Si je reçois une proposition d’assez haut niveau…"

Hervé Renard - AFP
Hervé, êtes-vous descendu de votre nuage depuis la victoire de dimanche ?
C’est exceptionnel. La Côté d’Ivoire est un pays qui a depuis dix ans une génération avec des joueurs de très grande qualité. Ce sont des noms prestigieux, qui évoluent dans les plus grands clubs européens. Ils n’avaient jamais réussi à gagner ensemble, tout en faisant quand même deux finales de Coupe d’Afrique (2006 et 2012) perdues aux tirs au but, et en se qualifiant pour trois Coupes du monde consécutivement (2006, 2010 et 2014). Tout n’était pas négatif mais il manquait cette petite chose qui fait que ça bascule du bon côté.
Qu’avez-vous changé pour que ça marche cette fois ?
Le message a été un peu difficile à faire comprendre au début. On a beaucoup d’individualités, qui plus est des Africains qui rentrent dans leur pays. C’est toujours un peu compliqué entre eux déjà. Moi, je n’ai jamais eu de problèmes avec aucun d’entre eux. Mais il fallait que l’osmose collective prenne. Les joueurs ont pris conscience qu’il fallait qu’ils fassent les efforts ensemble. C’est toujours la même chose.
Y a-t-il une méthode Hervé Renard pour gagner la Coupe d’Afrique ?
Non. Il y a peut-être un savoir mais le football est pareil dans n’importe quel pays du monde. Je défends ma cause mais, quand j’entends qu’on se demande si je peux réussir en Europe, je n’arrive pas à comprendre. Quand on a dans son équipe des Wilfried Bony, Gervinho, Serge Aurier ou Yaya Touré, on est quand même capable de mener de grands professionnels. Sur un terrain africain ou européen, c’est la même chose.
« Je viens de nulle part »
Votre avenir passe-t-il encore par la Côte d’Ivoire ?
Aujourd’hui, je ne sais pas. Tout dépendra des opportunités. Il me reste un an et demi de contrat. Mais si je reçois une proposition qui m’intéresse et qu’elle est d’assez haut niveau, je suis capable de dire que cette proposition m’intéresse et on peut en discuter.
Etes-vous une piste crédible pour remplacer Christophe Galtier à Saint-Etienne la saison prochaine ?
Ce n’est pas à moi de répondre. Il faut déjà que Christophe Galtier ne soit plus l’entraîneur de Saint-Etienne, ce qui n’est pas le cas pour l’instant.
Avez-vous été déçu de ne pas avoir été choisi pour entraîner Lyon l’été dernier ?
Bien sûr. Qui n’aurait pas aimé entraîner l’Olympique Lyonnais ? Ça aurait été exceptionnel mais ce n’était peut-être pas le moment. C’est le destin qui a choisi et qui m'a emmené en Côte d’Ivoire pour gagner une deuxième CAN (après celle remportée avec la Zambie en 2012, ndlr). Vous savez, moi je viens de nulle part. J’étais un joueur plus que moyen, j’ai commencé à entraîner en CFA 2. Et tout ce qui m’arrive, c’est du bonheur.
Quand vous avez pris la sélection ivoirienne, était-ce avec l’objectif de rapidement entraîner un club ?
J’avais deux ans, plus deux ans pour gagner une Coupe d’Afrique. Ça a été fait au bout de six mois. C’est peut-être inespéré ou inattendu mais c’est fait. Il faut maintenant voir quels sont les autres objectifs, dans quelle direction on veut aller. Il faudra s’assoir et en parler calmement mais il faut surtout savourer ce succès. Aujourd’hui, les Ivoiriens ressentent une fierté dont on ne peut se rendre compte que lorsqu’on travaille dans ces pays.