Velud : « La première faute est celle de l’Angola »

Le sélectionneur togolais remet en cause le laxisme de l'organisateur angolais de la CAN. - -
Quelle est l’ambiance à Lomé après les événements vécus par votre équipe ?
Il y a eu un véritable traumatisme après la fusillade. Les joueurs ont été terrorisés par cet acte de guerre. On était à dix mètres de ceux qui nous ont mitraillés. On a sauvé notre peau comme on a pu mais deux des nôtres sont tombés.
Un porte-parole de la CAF a remis en cause votre choix de voyager en bus. Saviez-vous que cette zone de Cabinda était dangereuse ?
Je n’avais aucune information là-dessus. Quand les autorités angolaises et de la CAF (Confédération africaine de football) nous accueillent comme des rois à la frontière (du Congo et de l’Angola), elles cautionnent notre moyen de transport. Je ne comprends pas comment on peut, après, nous reprocher d’être venus en bus. Il y a eu du laxisme de la part de l’Angola en nous laissant passer. Il fallait simplement interdire l’accès en bus dans cette zone dangereuse.
Etiez-vous impliqué dans les discussions des joueurs lorsqu’ils ont décidé de rester ?
Oui. C’était un acte très fort. Après l’attentat et l’annonce des deux décès, on tous eu un coup de marteau sur la tête et on ne pensait plus du tout au football. Le temps passant, la vie reprend ses droits. On a eu cette réunion durant laquelle on s’est dit qu’on voulait continuer à vivre. Et On a aussi voulu continuer par rapport à ces deux morts qu’on connaissait très bien et qui auraient voulu qu’on dispute la compétition. C’était notre manière de leur rendre hommage. Mais le gouvernement, qui a décrété trois jours de deuil, en a décidé autrement et on a obéi aux consignes.
« Pas beaucoup de compassion »
Votre capitaine Emmanuel Adebayor a évoqué un possible retour après les trois jours de deuil…
Cela a été envisagé mais je savais que le CAF ne nous laisserait pas revenir. Les règlements internationaux sont très stricts et il y a peu de compassion par rapport à tout ça. Malheureusement, on ne disputera pas la CAN. Mais je n’oublie pas que j’ai la chance d’être vivant, ce qui n’est plus le cas de mon entraîneur adjoint, qui était mon voisin de droite dans le car. Ça fait relativiser les choses.
Y a-t-il encore du danger pour les autres équipes ?
Il y a des menaces mais est-ce que ceux qui nous ont attaqués ont les moyens de récidiver ? En ayant été trois jours là-bas, j’ai pu me rendre compte que la sécurité reste quand même légère.
La CAF est-elle fautive d’avoir laissé des matchs être organisés à Cabinda ?
Oui. Il aurait fallu essayer de faire déménager tout ce groupe. On a eu beaucoup de retours des ministères des affaires étrangères qui nous ont dit que Cabinda était une zone très dangereuse. La première faute est celle de l’Angola, qui a mis un groupe dans une telle zone.
Auriez-vous apprécié que des équipes de votre groupe, et notamment la Côte d’Ivoire, quittent aussi la compétition ?
C’est une très bonne question. On a l’a presque envisagé et c’était même dans les discussions entre joueurs stars. Ils continuent mais eux aussi ont sans doute eu quelques pressions. Il y a des responsables politiques au-dessus de nous et on ne maîtrise pas leurs décisions.