Bourgoin-Jallieu-OL: Pierre Sage, le derby dans le derby

Pour le 16e de finale de Coupe de France entre l'Olympique Lyonnais et Bourgoin-Jallieu, ce mercredi à 18h, Pierre Sage va retrouver deux anciens joueurs et faire face à un entraîneur qu'il connaît très bien.

Bourgoin-Jallieu ne fait pas partie des clubs amateurs où Pierre Sage a eu un rôle, dans sa longue carrière de formateur dans la région Rhône-Alpes. Un fait à (presque) élever au rang d’anomalie tant il a aidé bon nombre d’entités à se structurer entre l’Ain, la Savoie, la Haute-Savoie et le Rhône.

Mais les liens avec l'adversaire de l'OL en Coupe de France existent quand même: à travers des joueurs que l’actuel entraîneur de l’Olympique Lyonnais a co-dirigé avec Karim Mokeddem quand il était son adjoint à Lyon-La Duchère en 2018-2019 (Nicolas Seguin et Sofiane Atik) ou à travers l'entraîneur adverse (Freddy Morel), à qui il a fait passer le diplôme d’État d’entraîneur quand il officiait comme formateur à la Ligue Rhône-Alpes de football. Destins croisés et toujours connectés.

"Le plaisir personnel de nous retrouver"

Une fois le tirage au sort effectué quelques heures avant Noël 2024, les SMS fusent. Dans l’un d’eux, Freddy Morel accompagne d'un emoji sourire celui adressé à son homologue lyonnais Pierre Sage.

"Oui, car c’est le clin d’œil de ce match, révèle Freddy Morel. Ce match, nous aurions pu le vivre dans une opposition anonyme de notre département natal de l’Ain. C’est le plaisir personnel de nous retrouver sur une rencontre, nationale, médiatisée et historique: un 16e de finale de Coupe de France."

L’un (Morel) a débuté sa carrière à Marboz quand l’autre (Sage) était, entre 2007 et 2012, directeur sportif du Football Bourg-en-Bresse Péronnas. Deux villes du 01, séparées d’une vingtaine de kilomètres. D’où cette connaissance fine du patron sportif de l’OL envers son "élève" de six ans son cadet (46 ans pour Sage, 40 pour Morel).

"Son équipe est très représentative de ce qu’est Freddy Morel, explique en conférence de presse Pierre Sage. Elle est bien organisée avec une capacité à faire mal lorsqu’elle récupère la balle mais aussi à s’inscrire efficacement dans les attaques placées grâce à trois joueurs offensifs qui arrivent à très bien combiner ensemble".

Attentif l’un à l’autre, c’est forcément le plus jeune qui a le plus de respect: "Bien sûr qu'il est inspirant, dit Freddy Morel. Je pense qu'il est inspirant au-delà de ceux qui l'ont connu, comme moi, un peu plus jeune. Il est inspirant sur les entraîneurs qui viennent du milieu amateur, qui n'ont pas eu une carrière professionnelle. C'est stimulant et surtout aussi, valorisant pour le travail qu'il a fait et la personne qu'il est. Je pense que ça fait du bien aussi de voir que certains parcours de travailleurs mettent un petit peu de temps, peut-être, pour arriver à certains postes. Mais aujourd'hui, ça donne aussi de l'espoir à tout le monde et des ambitions à tout le monde. Je le suis attentivement".

Sage loué par ses anciens joueurs

D’autres le suivent aussi, ce sont ses ex-joueurs, connus dans le club du 9e arrondissement de Lyon, Lyon-La Duchère. Aujourd’hui à la même hauteur que Bourgoin (N3), ce club historique du "plateau" à Lyon avait connu sa meilleure saison en National (5e) avec Pierre Sage comme adjoint de Karim Mokeddem.

"C'est quelqu'un qui a un vrai savoir, une vraie culture du foot, se souvient Sofiane Atik.

"Personnellement, en un an, j'ai beaucoup appris à ses côtés. Il a une façon de transmettre ses idées qui est pertinente. Il est très pointilleux sur nous, quand il formait la paire avec Karim Mokeddem à la Duchère, Pierre amenait sa touche tactique, technique. Il nous a surtout fait de la vidéo. Il était très pointilleux sur des phases tactiques. C'est un philosophe du foot. Vraiment. Exactement. C'est un compliment. Il le mérite".

Qu’entend-t-il par-là? "Il s'exprime de façon très simple, mais il se fait respecter, décrit-il. C'est très dur dans le foot de se faire respecter sans crier. Il nous a vraiment appris à jouer au foot. Vraiment à jouer au foot. Et par du jeu. Pierre, c'est quelqu'un qui est animé par le jeu. Ce n'est pas lui qui va lancer des grands ballons et courir derrière. Non, il veut vraiment déstabiliser ses équipes par le jeu. Aujourd'hui, moi qui aime le jeu, j'ai beaucoup appris à ses côtés". Pierre Sage lui renvoie d’ailleurs le compliment: "Sofiane est un joueur représentatif de ce que j’aime dans le football: il est dans l’initiative et dans la joie".

"Pierre est quelqu'un qui fédère autour de lui"

Dans ses souvenirs, une donnée revient immédiatement à l’esprit de Sofiane Atik: "Quand il y avait un problème au football, quand il butait sur un adversaire qui nous posait problème, il trouvait la solution. Il avait un plan A, un plan B, un plan C. Mais il trouvait la solution et très rapidement. Ça marchait à tous les coups, à chaque fois. Je ne sais pas, mais je sais à peu près ce qu'il va dire pour sa causerie. C'est un très bon entraîneur".

Nicolas Seguin, lui aussi joueur de La Duchère en 2018-2019, appuie: "Quand tu es joueur, tu as un coach devant qui sait qu'il y a un plan A, un plan B, un plan C, c'est une forme de confiance en plus. Quand on voit que le coach sait ce qu'il veut, il sait où il va aller et il se donne les moyens, on ferme les yeux et on le suit".

Autre qualité de l’actuel entraîneur lyonnais? Atik et Seguin se rejoignent sur un point, vécu dans l’intimité du vestiaire: "Pierre est quelqu'un qui fédère autour de lui, révèlent-ils en chœur. Il sait emmener les autres avec lui. Il a un caractère où il sait ce qu'il veut. Quelqu'un qui connaît parfaitement le football, qui a ses idées et qui va au bout de ses idées. Il connaît tellement le football qu'il ne peut qu'avoir l'approbation de ses joueurs".

Mais quoi d’autre? "Il savait ce qu'il voulait, explique Seguin. Quand on faisait du travail technique, c'était comme ça et pas autrement. Il nous prouvait par A+B que ce qu'il souhaitait, c'était la solution. C'est quelqu'un qui se donne les moyens de voir ce qu'il veut".

Alors facile d’affronter un collègue connu depuis longtemps? "C'est un challenge, avoue Freddy Morel. Mais lui comme moi, je pense qu'on dira la même chose. Une fois que le match va démarrer, on aura fait quasiment tous les deux notre part du travail. Après, ce sont les acteurs qui vont décider du sort du match. Aujourd'hui, il a un potentiel joueurs qui est bien plus important que le mien. Mais ce sera un moment sympa à vivre et d'être à quelques mètres l'un de l'autre".

Edward Jay