Cyclone Chido à Mayotte: "Quand on voit l'état de catastrophe...", Alès se mobilise pour son ancien adversaire, l'AS Rosador

Philippe Mallaroni, qu'avez-vous décidé de mettre en place pour venir en soutien au club de l'AS Rosador à Mayotte?
Ayant un match de championnat en retard, on profite de cette rencontre pour lancer une opération 'solidarité Mayotte". L'an dernier, lors du 7e tour de Coupe de France, nous avions rencontré le club de l'AS Rosador, club Mahorais avec lequel on avait sympathisé. Avec ce qu'il s'est passé sur l'archipel ça nous semblait totalement évident de revenir vers ce club et de faire preuve de solidarité.
Concernant le don du club, qu'est-il prévu?
On a décidé de consacrer une partie de notre recette, on essayera de faire le chèque le plus conséquent possible. On lancera également une cagnotte dans notre club et au stade le soir de la rencontre. Ce ne sera pas purement symbolique. C'est pour cela que l'on veut que ce soit adressé au club de l'AS Rosador. On se doute que tout ce qui concerne la santé, l'infrastructure, le logement, ça c'est l’Etat qui va intervenir. Nous on intervient dans le cadre du football. On part du principe que le foot fait partie d'une vie qui doit reprendre. C'est pour cela que l'on souhaite que cette action soit à destination du club de Rosador dont les infrastructures doivent être aussi complètement détruites.
Avez-vous eu des nouvelles du club?
On a essayé d'entrer en contact avec les dirigeants de Rosador par la direction de la ligue de football de Mayotte ou les dirigeants mais impossible d'entrer en contact. Ça sonne, on a envoyé des mails mais ça ne répond pas non plus. On espère que les communications vont être rétablies. Et qu'on va enfin pouvoir procéder à un rapprochement. Dans un premier temps, on mène cette opération, on essaye d'amasser une certaine somme. Et si d'ailleurs chemin faisant, ce type d'opération peut servir d'exemple et donner lieu à un élan de solidarité... Vous savez si vous avez 10.000 clubs qui donnent 200 euros chacun, vous avez 2 millions d'euros. Et là c'est quelque chose de conséquent. Nous on ne se limitera pas à 200 euros. On fera un geste significatif pour le club de l'AS Rosador. Ça nous semble tout à fait normal d'agir immédiatement quand on voit l'état de catastrophe. Il y a eu quelques images où on voyait un terrain de foot qui a été complètement détruit. Ça ne veut pas dire que nous on a les yeux focalisés que sur le foot quand on voit l'ampleur de la situation humanitaire que l'on peut observer. On peut bien imaginer que le football peut passer comme quelque chose de très futile. Mais c'est cette futilité qui parfois peut donner un peu de vie aux choses.
Le fait de ne pas avoir de nouvelles d'eux, est-ce que cela vous inquiète?
C'est d'autant plus inquiétant du fait que l'on avait bien sympathisé. Il y avait 20, 25 joueurs qui étaient venus et on s'est dit: 'Tiens que sont-ils devenus?' Il y a une forme d'inquiétude que l'ensemble des Français partage aujourd'hui.
Vous aviez rencontré ce club l'an dernier en coupe de France, vous aviez gardé le lien avec eux régulièrement depuis?
Quand on reçoit un club ultra marin comme ça, ils viennent un peu avant, ce qui fait qu'on s'acclimate un peu. Il y a le temps du partage, on leur fait découvrir notre territoire. Ce n'est pas une simple rencontre où on arrive le matin, on joue et repart le soir. Là y avait eu une belle ambiance. Des Mahorais de Marseille, de Montpellier étaient venus. Ça c'était bien déroulé. C'était sympa, on garde un bon souvenir de cette rencontre. On a décidé de donner l'exemple et de faire ça. J’ai échangé avec mon président, je lui ai dit qu'on ne pouvait pas ne rien faire. Il est important d'agir. Il y un an pour le 7e tour de Coupe de France, c'est la joie qui régnait, aujourd'hui c'est la désolation. On peut exprimer une forme de solidarité vis-à-vis de ce morceau de territoire national.
Est-ce que dans l'encadrement, l'équipe ça en parle beaucoup?
Tout ça a démarré rapidement. Hier soir on a l'assemblée générale de notre club, j'ai échangé ensuite avec mon président et ce matin on a lancé l'opération. Le match est samedi, la presse locale a pris le relais et vous aussi. Et ça c'est important, c'est une communication favorable. Car il y a un enjeu humanitaire. Plus il y aura du monde au stade, plus le chèque sera conséquent. Même si au fond, on fera en sorte d'arrondir. On est certes un club de National 3 mais on fera ce qu'il faut.
Pensez-vous qu'il y aura plus de monde ce week-end en raison de cette opération?
En tout cas je l'espère, on a eu de bons retours sur les réseaux sociaux. On vit dans l'espérance mais je pense que oui. J’espère que les gens feront preuve de solidarité. Je vais vous dire une chose. Notre club joue 13 rencontres à domicile en championnat donc lorsque l'on consacre une partie conséquente de notre recette ce n'est pas anodin à notre niveau parce que souvent en fin d'année c'est ce qu'il nous fait l'excédent positif ou négatif donc on sait que ça demande un effort. On n'est pas un club avec un statut professionnel. On est certes un club, on a un certain statut, on est l'Olympique d'Alès qui joue en National 3. Mais d'un autre côté on sait ce qu'on doit faire ou ne pas faire, c'est un engagement, ce n'est pas n'importe quoi.
Quand la communication sera rétablie, quelle sera la réaction du club selon vous?
J’ai eu un petit échange avec la Fédération française de football qui a trouvé notre geste plutôt intéressant. Maintenant, je ne doute pas une seconde qu'il y aura d'autres actions. On peut penser que toute la communauté française sera solidaire vis-à-vis de Mayotte qui traverse une période douloureuse. Quand on voit les images, on se rend compte que tout est détruit. Au-delà de la catastrophe humanitaire, il n'y a plus d'infrastructures, il n’y a plus rien donc reconstruire va demander des efforts. Et si nous on peut participer à cela, même si ça relève du loisir, je suis conscient que parler de football à l'heure où on comptabilise le nombre de victimes, de disparus.... En tout cas on espère que ce geste qui ne sera pas que symbolique contribuera à montrer aux Mahorais que nous sommes solidaires.