Du National 3 aux quarts de la Coupe de France, comment Bastia est revenu au premier plan

"Cette équipe est capable de tout." Difficile de contredire Régis Brouard. Après l’exploit du SC Bastia sur la pelouse de Reims en 8eme de finale de la Coupe de France, l’entraîneur de la formation corse ne peut que constater le côté imprévisible de son équipe, capable d'écarter deux clubs de L1 en Coupe (Clermont et Reims) et de chuter, entre temps, à domicile face à Nancy, lanterne rouge de Ligue 2.
Ce jeudi, le SCB retrouve le devant de la scène avec un quart de finale de la Coupe de France face au FC Nantes au stade de la Beaujoire. Une parenthèse enchantée dans une saison délicate en Ligue 2 puisque Bastia, 17eme, flirte avec la zone de relégation en National. Une situation délicate qu’il convient de relativiser si l’on jette un coup d’œil dans le rétro…
Des jeunes et un gros soutien populaire
Car le vainqueur de la Coupe de France 1981 revient déjà de l’enfer. Il y a seulement cinq ans, en 2017, Bastia, bon dernier de Ligue 1 est relégué administrativement en National 3. La dette avoisine 30 millions d’euros et coûte terriblement cher au club corse qui dépose le bilan et perd son statut professionnel.
Après ce terrible coup de massue, le club corse repart à zéro, mise sur les jeunes et peut s’appuyer sur le soutien de ses supporters, regroupés dans un nouveau mouvement Socios. Si Bastia manque la montée à l'issue de la première saison, il est promu en National 2 la suivante, en 2019. Lors de l’exercice 2019-2020, les championnats amateurs sont arrêtés prématurément en raison de la crise sanitaire. Tant mieux pour le SCB, leader son groupe, qui valide son ticket pour le National.
Des moyens encore limités
En 2020-2021, le Sporting plane sur le championnat, termine premier avec huit points d’avance sur son dauphin, Quevilly-Rouen et décroche surtout son ticket pour la Ligue 2. "Que ça soit dans l’équipe dirigeante, dans le staff ou même chez les joueurs, on est investi d’une mission collective, affirme alors Claude Ferrandi, président du SCB depuis 2017. On veut marquer le club de cette empreinte-là. On est conscient que seul on arrivera à rien, donc on a besoin de la force de tous. Et je crois que tout le monde a bien compris ce message. C’est ce qui a été notre force jusqu’à présent. Et j’espère qu’on gardera cet état d’esprit dans le futur."
De retour dans le monde professionnel, le Sporting ne survole plus les débats. "Aujourd'hui, on se rend compte qu'il est beaucoup plus difficile d'appréhender les choses, notait récemment le président bastiais dans les colonnes de Corse-Matin. Désormais, la moindre erreur se paye cash, c'est ça le monde professionnel, le haut niveau, l'exigence et la différence se joue là-dessus." Le club désormais entraîné par Régis Brouard ne peut pas investir autant qu’il le souhaiterait dans le mercato. Il se développe néanmoins en injectant 300.000 euros pour l’amélioration de la structure du stade Furiani. Sur le plan sportif, l’équipe corse possède un petit matelas de trois points sur Grenoble, l'actuel barragiste.
A Nantes avec les supporters
C’est dans ce contexte que Bastia se rend à Nantes… avec ses supporters. Comme si la simplicité du monde amateur n’avait pas totalement disparu : "Je trouve ça bien de partager le voyage avec ses supporters, notait Régis Brouard avant d'aller à Nantes. S’enferme dans une bulle, ça fait partie du monde professionnel." Pour l'ancien coach de Quevilly, Bastia n'est pas un club comme les autres. "Il y a un partage et une communion qui se fait avec le public, dit-il. Dans la difficulté comme dans la joie. Pouvoir partager une partie de la journée avec eux, je trouve ça bien. J’en suis très heureux." Avec la qualification pour les demi-finale au bout, l’histoire n’en serait que plus belle.