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Dunkerque-PSG: "Le club parfait pour Demba", Ba, l’homme de base du projet dunkerquois

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La réussite de Dunkerque cette saison s’explique en grande partie par le rôle occupé par l’ancien buteur Demba Ba. Le directeur du football a mis en place un projet clair et ambitieux, qui permet aux Dunkerquois de vivre une saison historique.

Il habite encore à Paris, se balade souvent avec son béret sur la tête et enchaîne les coups de téléphone. Demba Ba est un homme occupé depuis qu’il a endossé le rôle de directeur du football à Dunkerque, à l’été 2023. Le parcours du club nordiste, demi-finaliste de la Coupe de France et toujours en lice pour la montée en Ligue 1, met la lumière sur l’ancien attaquant de Chelsea, qui avait , en fait, tout préparé. "Beaucoup de choses ont forgées ma pensée", expose-t-il. "Notamment mon expérience avec Ralf Rangnick, ce qu’il a mis en place en Allemagne (au sein du groupe Red Bull notamment) et comment il l’a fait, ça a été beaucoup d’apprentissage. Je l’ai eu pendant quatre ans en Allemagne (à Hoffenheim, 2007-2011). Aussi, j’ai toujours réussi à m’adapter à mes environnements. J’ai fait cinq pays sur trois continents différents dans ma carrière de joueur et j’ai toujours performé. Et quand je regarde pourquoi, c’est aussi que je me suis toujours adapté à l’environnement dans lequel j’étais."

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Un homme d'affaires turc à l'origine du rachat de l'USLD

Demba Ba a aussi toujours réfléchi. Comment progresser, encore? Comment modifier ses points faibles, améliorer ses points forts? "Quand je l’ai connu à Chelsea, il aimait s’entourer de compétences pour être le plus performant possible", sourit Christophe Lollichon, ancien emblématique entraîneur des gardiens des Blues, qui a accepté de rejoindre l’USLD il y a un peu plus d’un an. "Il a pris conscience de ça très tôt dans sa carrière. En tant que dirigeant c’est la même chose." Ba a un plan depuis plusieurs années, il cherchait juste où pouvoir l’appliquer. Il a d’abord commencé à le faire dans son académie au Sénégal. C’est en apprenant que l’homme d’affaires turc Robert Yuksel Yildirim était intéressé par un projet de rachat (via son groupe Amissos) qu’il a passé un coup de fil pour être intégré, dès le départ, au projet. Son passage comme joueur à Basaksehir l’a bien aidé. L’objectif: "Mettre en place quelque chose de durable. Ce qui compte c’est la structure, pas les hommes." A Dunkerque, les choses avancent doucement. Demba Ba a organisé le stage d’avant-saison, mis en place une salle de vie pour les joueurs, instauré les repas collectifs. Il aimerait pouvoir doubler les séances d’entraînement, éviter aux joueurs de faire dix minutes en van du vestiaire aux terrains, agrandir le staff technique. Mais tout cela prend du temps, même si les choses avancent, notamment sur les infrastructures.

Un quatuor aux commandes

Sur le choix des hommes, il ne s’est pas trompé. Il a fait confiance à Luis Castro, entraîneur portugais vainqueur de la Youth League avec les jeunes de Benfica mais inconnu au niveau professionnel. Un agent lui a envoyé le profil, lui l’a longuement étudié. "Il connaissait comment jouaient mes équipes, comment je travaillais. Il m’a expliqué comment l’entraîneur pouvait travailler avec lui. Ils veulent jouer avec une identité forte et un jeu offensif", raconte Castro. Bingo. Malgré des débuts difficiles, la saison 2024-2025 est un grand cru. C’est aussi grâce au recrutement, chapeauté par Romain Decool, lui aussi intégré alors qu’il était inconnu.

Demba Ba a étudié son profil sur conseil d’un recruteur. Ces trois-là, avec le directeur de la performance Pablo Fernandez -poste qui n’existait pas avant l’arrivée de l’ancien attaquant-, forment un quatuor équilibré et surtout, aiment le même football. "On a la chance que ce soit très clair. Il n’est pas du tout intrusif à poser dix questions par jour", se réjouit Romain Decool, qui donne quelques détails sur le recrutement. "On fixe en amont les profils qu’on recherche. Ensuite on présente les joueurs en fonction de leurs qualités sportives et de notre budget. Et quand on a un consensus tous les trois avec ma cellule, on avance. C’est fluide et clair, il n’y a pas d’interférences. Avant chaque signature, Demba parle aux recrues en présentant les valeurs du Dunkerquois: la solidarité, la combativité… Les valeurs du territoire."

Ce qui donne parfois des surprises, comme lorsque Dunkerque signe Adrian Ortola, un gardien alors… au chômage! Ces valeurs, Ba a appris à les connaître en échangeant, dès son arrivée dans le Nord, avec des élus ou des figures locales afin de donner une vraie identité à l’USLD. Il impulse, dirige, oriente, décide. Mais toujours après avoir consulté. Il peut aussi, parfois, s’entretenir avec les joueurs pour leur partager son expérience. "Il était venu dans le vestiaire pour nous informer que quoi qu’il arrive le coach allait rester au club", témoigne le défenseur Opa Sangante. "Il essaie de m’appeler souvent pour qu’on discute du vestiaire, comment le groupe se sent. Il ne nous parle pas forcément du résultat mais de la performance et l’état d’esprit."

"Il aime être challengé"

Au club, tout le monde souligne son humilité malgré sa très grande carrière de joueur. Comme il n’est pas présent à 100% au quotidien, il n’hésite d’ailleurs pas à déléguer. "A partir du moment où j’ai confiance… Je ne signe pas quelqu’un pour faire son travail. C’est comme une boîte dans laquelle tu mets plusieurs étiquettes. La compétence est une chose, les valeurs c’est en une, la confiance aussi, l’éthique de travail… Plusieurs éléments composent la réussite." Comme le fait d’être ouvert, à l’écoute. "Il aime être challengé, avoir des nouvelles idées face à lui, être bousculé et nous bousculer", souligne Romain Decool.

Christophe Lollichon abonde: "Il a ouvert les portes de ce club et cherche à faire entrer les personnes qui lui permettront de mettre en place son projet. Il est très éduqué, respectueux. C’est le club parfait pour Demba. Un club qui ne se prend pas pour un autre avec des gens qui ne se prennent pas pour des autres. On partage beaucoup de choses. Ça me rappelle le FC Nantes de l’époque. Comme disait Raynald Denoueix à un journaliste qui lui avait demandé: on est toujours en réunion, du matin au soir. Parce qu’on est dans la même pièce."

Valentin Jamin, avec Jean Bommel