La roue a tourné pour Herouat

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« Certains soirs, je m’imagine soulever la Coupe. » Le rêve de Karim Herouat, attaquant tout-feu-tout-flamme de l’US Quevilly, pourrait bien devenir réalité, ce samedi, au Stade de France. En demi-finale, contre Rennes (2-1 a.p.), c’est lui qui a propulsé la formation amateur à Saint-Denis. Une belle récompense pour un joueur au parcours chaotique. Le jeune (25 ans) père d’une petite Lena revient de loin. Défier Hugo Lloris ou disputer une finale de Coupe de France, l’idée semblait utopique il y a encore quelques mois. Avant de rejoindre l’USQ il y a un an, Herouat aurait bien pu tirer un trait définitif sur le football.
A 17 ans, l’adolescent pourtant prometteur balle au pied se retrouve face au vide lorsque que le centre de préformation de Villepinte, en région parisienne, ferme ses portes. « J’ai lâché le foot pendant deux ou trois ans, se souvient-il. J’ai un peu dévié. Les sorties, les copains… Cela m’a freiné dans ma carrière. » Freiner, le mot est faible. Le jeune homme s’égare et enchaîne les erreurs de jeunesse. Par pudeur, l’intéressé refuse d’entrer dans les détails. Mais il indique : « Certaines épreuves m’ont fait réagir. Il faut faire le tri dans sa vie. Ça paye un jour ou l’autre. »
« Je n’ai pas peur d’être mauvais »
Conscient de passer à côté d’une carrière professionnelle, Herouat se relance en CFA, à Drancy. L’homme se reprend en main : « Un footballeur qui réussit est un footballeur qui a travaillé, remarque-t-il. Aujourd’hui, j’ai des ambitions. » Epaulé par ses éducateurs, il n’a, fort heureusement, rien perdu de ses qualités : « Mon registre, c’est provoquer et aller de l’avant, dit-il. Je suis un peu insouciant. Sur le terrain, je n’ai pas peur de perdre un match ou d’être mauvais. »
Dès son arrivée à Quevilly, en National, le côté insaisissable de Karim Herouat a fait mouche : « Karim, il faut le laisser s’exprimer, décrit son partenaire Lionel Mallein. Quand il entre sur le terrain, il apporte sa fougue, de la folie. Il court dans tous les sens et rend fous les défenseurs. » L’insouciance qui caractérise le joueur quevillais ravit son entraîneur, même si… : « Il ne comprend pas toujours ce que je lui dis et ça m’agace, sourit Régis Brouard. Mais sa fraîcheur et son sourire rejaillissent sur ses partenaires. »