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OM : comment Thauvin a failli dire adieu à sa carrière à Grenoble

Florian Thauvin

Florian Thauvin - AFP

Touché au dos en 2009, alors qu’il est au centre de formation de Grenoble, Florian Thauvin avait vu un médecin lui annoncer la fin de ses rêves de footballeur. Retour sur cet épisode à l’heure des retrouvailles du joueur de l’OM avec le GF 38, ce dimanche (20h45), en 32es de finale la Coupe de France.

La sentence avait fait l’effet d’un coup de poignard. Une phrase qui glace le sang et bouche l’horizon. 26 janvier 2009. Florian Thauvin souffle ses seize bougies. Entré en préformation à Châteauroux à 13 ans, l’adolescent a rejoint deux ans plus tard (en 2008) Grenoble, où il a tapé dans l’œil d’un certain Olivier Saraglia, alors responsable du centre de formation, à l’occasion d’une Coupe nationale de sa catégorie d’âge. « Il avait ce truc qu’on voit très peu aujourd’hui : il n’y a plus beaucoup de joueurs capables de toujours aller dans la percussion et qui ne refusent pas les duels », se souvient l’actuel entraîneur du GF 38. Mais ce 26 janvier 2009, l’univers de l’espoir du club isérois va s’écrouler. Le diagnostic des médecins tombe. Fracture de fatigue au dos, sur une vertèbre lombaire.

« Après sa première échographie, on lui a dit que le foot de haut niveau ne serait plus possible », raconte Mickaël Diaferia, adjoint de Saraglia et kiné du club. « Pour moi, c’était une catastrophe, expliquait l’intéressé dans un entretien exclusif à RMC Sport en février dernier. A partir du moment où le médecin m’a dit ça, et jusqu’à ce que je consulte d’autres médecins, ça a été le pire moment de ma carrière. » Il entame alors le plus difficile combat de sa carrière. Une bataille tout autant physique que psychologique. Avec un credo : croire dans le travail de rééducation et ne rien lâcher. « Il a eu un petit coup après le diagnostic mais il a rebondi tout de suite après en me disant : ‘‘On va travailler, tu me mettras tout ce qu’il faut, on va passer ce cap’’. On a fait le pari sur un protocole sans être sûr de l’issue. Mais on pensait que ça allait marcher et ça a bien marché », souligne Mickaël Diaferia.

« Ça l’a aidé, il a tout de suite été un peu plus mature que les autres »

« Je n’ai rien lâché grâce à ma passion, mon amour du ballon, juge Thauvin. Il n’y a rien de plus important pour moi, à part ma famille et la santé de mes proches, que le ballon. Je me suis accroché à ça. » Avec Diaferia, le jeune joueur multiplie les efforts pour atteindre son objectif. Et en profite pour grandir sur d’autres plans. « On a beaucoup échangé sur les à-côtés, l’entraînement invisible, tout ce qui fait que le footballeur arrive à avoir une carrière qui dure dans le temps et pas éphémère, se rappelle le kiné. Cette période a été difficile pour lui. Il a eu un corset pendant quelques mois. Mais avec le recul, c’est une force pour lui. Il a développé des aptitudes mentales et des capacités à gérer le stress et l’inconnu. Il a dû faire attention à tout ce qui se passait autour de lui, sa récupération, ses postures, son alimentation, ses étirements, son hydratation, l’écoute de son corps. Et aujourd’hui, ça lui sert. » « Je pense que ça l’a aidé, confirme Saraglia. Il a tout de suite été un peu plus mature que les autres. Un coup dur comme ça aide à avancer plus vite. »

Thauvin y a aussi gagné de l’insouciance. « J’ai pu voir ce que ça faisait de s’entendre dire qu’on ne peut plus jouer au football du jour au lendemain, raconte-t-il. Donc maintenant, quand je rentre sur un terrain, je ne me prends plus la tête. Je prends du plaisir et je m’amuse car j’aurais très bien pu ne jamais rejouer. » Eloigné des terrains pendant quatre mois, plus deux de travail physique pour revenir, le joueur finira par retrouver les pelouses. En janvier 2011, repéré avec la réserve, il monte en équipe première où il découvre le haut niveau avec trois apparitions en Ligue 2 (aucune titularisation, 56 minutes au total). « Il avait tellement connu la galère avec sa blessure qu’il se donnait à fond. Il était content d’être là parce qu’il a fallu ne plus y être », précise Saraglia. Thauvin devra quitter le club l’été suivant, licencié pour cause de… dépôt de bilan du GF 38. Conseillé par le staff isérois, qui l’incite à finir sa formation à Lyon, il opte pour Bastia où il fera ses débuts en L1. Un vrai-faux transfert à Lille plus tard, Marseille l’accueille. Et avec l’OM, la Coupe de France lui offre des retrouvailles avec Grenoble. « Il faut qu’il soit reconnaissant de tout le boulot qu’on a fait pour lui et qu’il évite de nous marquer un but », s’amuse Saraglia. La carrière de Thauvin a failli s’arrêter à Grenoble. Ce dimanche, elle s’y poursuit. Joli clin d’œil.

Alexandre Herbinet avec Edward Jay et M.Bo.