Quevilly, la nuit noire… et jaune

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Les voix sont éraillées, les yeux rougis par le manque de sommeil. Jeudi matin, au lendemain de l’impensable exploit contre Rennes (2-1) à Caen, on ne croise pourtant que des sourires radieux dans les rues du Petit-Quevilly (Seine-Maritime) après une nuit jaune et noire. Aux comptoirs, on dit sa joie et sa fierté, une écharpe déjà collector de la demie autour du cou. « C’est extraordinaire. On n’y croyait pas. On va remporter la Coupe maintenant ! Je suis vraiment très fier de ce club amateur », dit un client/supporter que rien ne pourra empêcher de se rendre au Stade de France le 28 avril prochain.
Au bar-tabac du centre-ville, une grosse poignée des « Canaris », le surnom des joueurs de l’USQ, débarque aussi soudée que la veille. La plupart n’ont pas réussi à fermer l’œil de la nuit, ne voulant pas quitter ce rêve éveillé. C’est à la pression que certains se réveillent le gosier, déjà bien arrosé pendant la nuit. Dans le bus, c’était champagne, forcément. Et lorsqu’il s’est retrouvé bloqué sur l’A13 en travaux, au milieu de la marée des 82 cars alloués aux supporters, les joueurs sont descendus sur le tarmac pour partager leur joie avec leurs fans. Scène au moins aussi surréaliste que la présence d’un club amateur en finale de Coupe de France en 2012. Enfin à bon port à 4h30, chacun est rentré chez soi. La grande fête prévue a finalement été repoussée au 28 avril, soir de la finale.
70% des habitants de Quevilly croient en la victoire
Au petit matin, les équipes de télé qui ont envahi cette petite ville de la banlieue de Rouen ou les vitrines des magasins aux couleurs du club sont autant de signes extérieurs de bonheur. Le voyage dans la capitale est déjà dans toutes les conversations. En milieu de journée sur le site de la ville, ils sont 70% des 1 116 votants (pour une population de 22 288 habitants) à penser que l’USQ fera tomber Lyon dans un peu plus de deux semaines.
Si les Rennais ont été pris à partie par certains de leurs supporters à leur retour en ville, la cote d’amour des Canaris n’a jamais été aussi forte. Au passage des héros, les voitures klaxonnent, s’arrêtent, les promeneurs les félicitent. Et ils adorent signer des autographes, les premiers de leur carrière, qui n’en est souvent pas vraiment une. Jamais de leur vie ils n’avaient reçu autant de SMS, de messages sur les réseaux sociaux. Le début d’une notoriété fugace dont ils entendent profiter à plein jusqu’au 28 avril. Mais avant l’OL, il y a Martigues samedi, une des six équipes derrière l’USQ dans une lutte acharnée pour le maintien en National. Un match crucial. Ce n’est jamais simple de passer du rêve à la réalité. Mais les joueurs de Quevilly commencent à avoir une belle expérience en la matière.