Rennes-Guingamp : presque tout les oppose

François-Henri Pinault et son père François Pinault - -
Il n’y pas eu besoin d’attendre mai 2014 pour que l’opposition du grand et du petit passionne les foules. Depuis des lustres, la confrontation entre les deux mondes jalonne l’histoire de la littérature ou du cinéma. Du football, aussi. La finale de la Coupe de France, qui verra Guingamp et Rennes s’affronter ce samedi au Stade de France, en est le parfait exemple. D’un côté Guingamp et ses 7 054 âmes. De l’autre, Rennes et ses plus de 200 000 habitants, hors agglomération. Pour forcer un peu le trait, le village sans le sou face à la ville embourgeoisée. Bref, l’opposition parfaite.
Les modèles économiques des deux clubs épousent la trajectoire des deux villes. Depuis 1998, François Pinault, dont la fortune est estimée à 11 milliards d’euros, a pris les rênes du Stade Rennais. « Quand nous sommes en difficulté sportive, avoir un actionnaire présent pour nous soutenir, comme on l’a vu en janvier, c’est un très bon modèle qu’on ne voudrait pas échanger », souffle Frédéric de Saint-Sernin, le président rennais. A Guingamp, ce sont 85 actionnaires, dont le plus important possède 3,5% du capital, qui financent le club. « Une forme de coopérative d’entrepreneurs », comme l’explique Bertrand Desplat, le président de l’EAG.
Un retrait progressif de Pinault en cas de défaite ?
Plus riche actionnaire de L1 devant Dmitry Rybolovlev (Monaco, 7,1 milliards d’euros) et Tamim ben Hamad Al Thani (PSG, 2,4 milliards), François Pinault a, paradoxalement, commencé à bâtir sa fortune en rachetant des entreprises en difficulté dans les Côtes d’Armor, le département de Guingamp. Si ses investissements dans le football sont moins importants qu’auparavant, une victoire en finale de la Coupe de France, synonyme de qualification en Ligue Europa, pourrait l’inciter à revoir sa stratégie. Une défaite, en revanche, pourrait le lasser et entraîner un retrait progressif, d’autant que certaines de ses entreprises (La Redoute, Gucci) connaissent quelques difficultés économiques.
A Guingamp, l’homme fort s’appelle Noël Le Graët. L’actuel président de la FFF a été maire de la ville (1995-2008) et président du club (1972-1991 puis 2002-2011). Grand entrepreneur de la région, il n’est jamais très loin de l’EAG puisque Bertrand Desplat n’est autre que son gendre. Mais ce dernier assure que l’on est loin de la guerre des chefs : « Pour nous, le Stade Rennais a toujours été une sorte de grand-frère, un exemple à suivre. Ce sont deux modèles économiques complétement différents mais on se retrouve autour d’un certain nombre de valeurs, notamment la défense de notre territoire qui est la Bretagne. » Une région qui sera toutefois déchirée pendant 90 minutes ce samedi.
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