Retour chaleureux pour les Marseillais

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Il y avait du beau monde au balcon. Drapé de deux étendards aux couleurs de la ville et du club, le bâtiment XVIIIe siècle de la mairie de Marseille a accueilli ses héros en milieu d’après-midi. Devant une foule compacte et encore enivrée du bonheur de la veille, les Olympiens ont brandi bien haut le trophée doré. C’était après une nuit sans sommeil, ou si peu, et un vol rapide depuis Paris. Didier Deschamps se serait presque cru revenu douze ans en arrière, après la victoire en Coupe du monde…
Toute la nuit, Marseille a hurlé sa joie d’avoir enfin ajouté un nouveau trophée dans la vitrine. Ce dimanche matin, pour une fois un lendemain de finale, aucune gueule de bois n’est à déplorer. Peu à peu, les écharpes azur ont fleuri sous un soleil aussi radieux que les sourires des Phocéens. Avec un peu de retard, les joueurs, jambes lourdes et cœur léger, ont atterri à Marignane peu avant 14 heures. Dans la nuit, quelques mains agiles ont décoré le bus à impériale où le trophée y figure en bonne place dans un océan de bleu et de blanc. Il lui a fallu trois quarts d’heure pour descendre la Canebière. Marche triomphale qui fend le peuple en liesse au ralenti, profitant du spectacle, du moment. « Aux aaaaaaaarmes ! » entonne comme un seul homme une foule de plus en plus impressionnante.
Mandanda : « Qu’est-ce que ce sera si on est champion ? »
Des fumigènes illuminent l’entrée des héros dans les salons bondés de la mairie. Jean-Claude Gaudin accueille les joueurs, le staff, les dirigeants. Margarita Louis-Dreyfus est là elle aussi. Sous les costumes anthracites, le T-shirt « Vainqueurs de la Coupe de la Ligue 2010 – Toujours là ! » est porté fièrement par la plupart des joueurs. Mathieu Valbuena a opté pour la chemise et la casquette à l’envers, pas du meilleur goût en pareille circonstance. Mamadou Niang pour un chapeau classe et un drapeau sénégalais sur les épaules. L’édile local ne s’offusque pas de l’irrévérence et épingle chacun d’eux de la médaille de la ville. Son discours n’oublie personne, surtout pas Robert-Louis Dreyfus, l’actionnaire principal décédé en 2009 sans avoir jamais remporté le moindre titre, si ce n’est une Coupe Intertoto.
Une nouvelle ovation les attend sur le balcon, malgré la présence encombrante d’officiels et journalistes qui fait ronchonner quelques aigris. Diawara, aiguilleur vers le succès hier, harangue le peuple phocéen. « Je suis très fier de partager ces moments avec eux. C’est une explosion de joie exceptionnelle, inattendue même », s’étonne Ben Arfa. Ce n’est qu’une Coupe de la Ligue, c’est vrai. « Je me demande ce que ce sera si on est champion ! », s’interroge Steve Mandanda, des étoiles dans les yeux. « Comment voulez-vous ne pas avoir envie de faire plaisir à cette ville quand on voit ça ! Il faut qu’on continue », renchérit Jean-Claude Dassier.
Comme son président, Didier Deschamps savoure mais pense lui aussi aux prochaines échéances : « C’est normal qu’ils en profitent. Ils doivent se servir de ce titre, de cette confiance, de cette sérénité. Ca doit les booster encore pour la fin de championnat. » Après ces deux jours de folie et dans sa grande bonté – à moins qu’il n’en ait lui aussi terriblement besoin – le coach a accordé deux jours de repos à ses troupes. Il est un peu plus de 16 heures quand la foule se disperse doucement et les joueurs se séparent enfin. Ils s’endormiront tôt, forcément heureux et renforcés dans leurs ambitions en vue d’une alléchante fin de saison.