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Bleus : Pourquoi l’Equateur ne compte pas pour du beurre

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La France les deux pieds presque en huitième, le dernier match de poule, ce mercredi (22h) contre l’Equateur, ne revêt quasi aucun enjeu comptable pour les Bleus. Mais il ne sert pas à rien. Explications.

DeLorean démarrée pour un voyage dans le temps. Octobre dernier. Un oracle s’avance : au Brésil, après deux matches, l’Espagne sera à la maison et les Bleus de sérieux outsiders pour le titre. Les rires auraient fusé. Huit mois plus tard, l’improbable a pris forme : les champions du monde ne le sont plus et l’équipe de France a remis l’Hexagone dans sa poche. Auteurs d’un début de Mondial quasi parfait, les Bleus filent vers la première place de leur groupe et un huitième abordable – sauf miracle pour l’Iran, ce sera le Nigeria – avec un quart de légende face à l’Allemagne à l’horizon. Mais avant, il faut terminer le boulot. Pas de faux suspense : il faudrait un cataclysme pour ne pas voir les Bleus en huitième. Un scénario – défaite 5-0 et victoire 4-0 de la Suisse sur le Honduras, par exemple – aussi probable qu’un triomphe de Lance Armstrong au prochain Tour de France. Mais le match contre l’Equateur conserve des enjeux. Revue d’attentes.

Renforcer les certitudes

Deux victoires, huit buts marqués contre deux encaissés, un pressing efficace en défense, une verticalité tout de suite dangereuse en attaque, un enthousiasme contagieux. Après deux rencontres dans cette Coupe du monde, les Bleus ont accumulé certaines certitudes dans le jeu comme dans les attitudes. Pour aborder les huitièmes, rien de mieux que de consolider l’édifice face à l’Equateur. « Il faut maintenir sur le terrain ce qui a été fait jusqu’à présent, une équipe de France à la hauteur, qui ne lâche rien, qui se bat », confirme Luis Fernandez. Autre membre de la Dream Team RMC Sport, Frank Leboeuf insiste : « Une troisième victoire avec la même dynamique et le même entrain serait parfaite. Même s’il y a des changements d’individualités, ces deux principes de jeu ne doivent pas changer. Après, à partir des huitièmes, on attaquera les choses vraiment sérieuses et on ne sera plus dans le même principe de réflexion et de jeu. Il faudra penser à autre chose. »

Conserver l'élan positif

La réussite dans une compétition type Coupe du monde repose sur plusieurs principes. Parmi eux, le maintien d’un élan positif et d’une confiance grandissante de succès en succès. Une dynamique qui rejaillit sur un public désormais conquis par ces Bleus. « On sent ce soutien des supporters », confirme Mathieu Valbuena. Pour garder une trajectoire ascendante, pas le choix : il faut battre l’Equateur. Et encore avec la manière, si possible. « On attend une victoire, explique Leboeuf. On attend surtout de l’enthousiasme, comme les joueurs l’ont montré sur les deux premiers matches. Il faut qu’ils fassent comme les Pays-Bas, trois matches et trois victoires. » Dans ces circonstances, un résultat négatif ou une prestation plus terne pourraient-ils être un coup de frein terrible aux ambitions tricolores ? « Non, ce ne sera pas dramatique, répond Leboeuf. Mais c’est toujours intéressant de continuer sur la même dynamique. Après, s’il n’y a pas ce jeu-là, on dira qu’il y avait les remplaçants et on remettra les titulaires en huitième, en espérant que ça marche. »

Impliquer certains joueurs

Avec une qualification quasi en poche, la tentation de se servir de cette rencontre contre l’Equateur paraît légitime. Aimé Jacquet et Roger Lemerre l’avaient fait en 1998 et 2000, pour les résultats que l’on sait. Si Didier Deschamps refuse le terme de « match des coiffeurs », les circonstances vont bien pousser à quelques modifications au coup d’envoi contre l’Equateur. Entre la suspension de Cabaye et la gastro-entérite de Varane, mais aussi la volonté de faire souffler certains et d’impliquer d’autres pour maintenir la cohésion de groupe, six joueurs pourraient intégrer le onze de départ par rapport à celui contre la Suisse : Sagna, Koscielny, Digne, Schneiderlin, Pogba et Griezmann. « On aimerait deux ou trois changements, voir à l’œuvre d’autres éléments car ils le mériteraient, estime Luis Fernandez. Ils sont là depuis le début, ils apportent au collectif, ce sont de bons soldats. Ils vont rester sur le même système, rentrer avec le même état d’esprit que les titulaires et vouloir montrer qu’ils sont capables de jouer, qu’ils sont bien là. Et on ne sait ce qui peut se passer en huitième ou après. On a aussi besoin de les voir pour ça. »

S'inscrire dans la légende

Si les trois premiers points ne suffisent pas, Didier Deschamps a une dernière carte dans sa manche pour remonter ses troupes comme des coucous : le Maracana. Temple du ballon rond, le stade de Rio reste une cathédrale que tout grand footballeur espère fouler un jour. Pour les Bleus, c’est ce mercredi. Evoluer dans un tel monument ne peut que les motiver. Surtout devant leurs familles, arrivées lundi, et devant les 10 000 supporters français attendus pour l’occasion. Autre objectif : succéder à Marius Trésor, dernier buteur tricolore au Maracana le 30 juin… 1977. « J’espère qu’un joueur va prendre ma place », glisse le mythique défenseur central. Si ce n’est pas le cas, les Bleus peuvent toujours espérer deux autres chances. En quart ou en finale. Ils seraient à coup sûr preneurs. Nous aussi.

Eviter les mauvaises nouvelles

Un match quasi sans enjeu comptable juste avant un huitième de finale présente un souci majeur : les possibles blessures qui pourraient faire mal à l’équipe pour la suite. Pour les éviter, pas de formule magique. Aligner un remplaçant qui craint moins pour la suite de l’aventure – et va ainsi s’engager à fond, sans cette petite bride insconsciente qui provoque parfois des drames – peut être la solution. Mais il n’y en a pas d’idéale. « Attention que Benzema, Matuidi ou un titulaire possible de huitième ne se blesse pas car ça pourrait porter préjudice à l’équipe », appuie Leboeuf. On sait Deschamps peu influencé par ce genre de craintes. On espère qu’il ne le regrettera pas.

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Alexandre Herbinet