Brésil : La vie sans Neymar

Neymar - -
Le Brésil avait perdu Pelé en 1974. Un drame à l’époque, similaire à celui vécu par le peuple brésilien à l’annonce de l’absence de sa star Neymar pour la fin de la Coupe du monde. Depuis la Coupe des confédérations il y a un an, le joueur du Barça portait le poids de toute l’équipe sur ses frêles épaules. La pression, ses coéquipiers vont devoir la gérer sans lui désormais, avec une demi-finale contre l’Allemagne puis une éventuelle finale contre les Pays-Bas ou l’ennemi argentin. « Neymar, c'est la référence pour nous, affirme Willian, le joueur de Chelsea. Il est capable de décider un match. Jouer sans lui sera difficile. » Même son de cloche chez Bernard. « Nous sommes très tristes en raison de la situation, mais aussi parce que Neymar lui-même est triste, ajoute le joueur du Shaktar Donetsk. Tout le groupe ressent la perte. C'est une perte comme joueur, mais aussi comme personne, car il avait toujours le sourire et était toujours positif. »
Le traumatisme est palpable. Au Brésil, le besoin de se rassurer est puissant. Alors on ressort tous les bons présages pour faire passer la pilule. Il y a l’exemple d’Emerson, capitaine de la Seleçao lors du Mondial 2002, blessé avant même le début de la compétition, finalement remportée par les Auriverdes. Mais si cette pression inhibe certains comme le capitaine Thiago Silva, absent lui aussi contre la Mannschaft pour cause de suspension, la victoire contre la Colombie (2-1) en quarts de finale a prouvé que cette Seleçao savait briller dans l’adversité. Comme si elle avait enfin appris à se nourrir positivement de cette tension, galvanisée par l’engouement autour d’elle.
Avec Willian ou Bernard ?
« Mon rêve n’est pas encore fini, confiait Neymar, les yeux embués, après avoir appris le diagnostic de sa blessure. Il a été interrompu à cause d’une action, mais il continue. Je suis certain que mes coéquipiers vont tout faire pour que je puisse réaliser ce rêve. Je veux être champion. » Le remplacer ne sera pas chose aisée. Auteur de quatre buts et deux passes décisives depuis le début de la compétition, Neymar est bien plus qu’un leader technique. Ses dribbles, ses accélérations fulgurantes, son agilité et sa dextérité sur coups de pieds arrêtés ont permis aux Brésiliens de se sortir de quelques traquenards lors du premier tour.
Si le Brésil va perdre un élément majeur sur le plan individuel, il devrait gagner en force collective. Plus d’attaques élaborées et une symphonie avec moins de fausses notes, donc. Car Neymar est aussi coupable d’absences dans certains matches. Le sélectionneur Luis Felipe Scolari peut donc faire rentrer Luis Gustavo, suspendu en quart de finale, mais associé à Fernandinho et Paulinho au milieu de terrain, la Seleçao manquerait de créativité. Un reproche déjà adressé à son égard. Alors, l’ancien manager de Chelsea privilégierait un remplacement poste pour poste, comme le laisse présager les derniers entraînements. Reste à savoir qui de Willian ou Bernard prendrait la place du petit génie barcelonais. Le joueur de Chelsea, à l’aise dans les petits espaces, explosif et endurant, semble retenir les faveurs du coach. Oscar occuperait donc le poste de meneur de jeu où Neymar évoluait depuis les huitièmes de finale. Un nouveau Mondial débute pour la Seleçao.