Buenos Aires n’attend que ça

En cas de victoire de l'Albiceleste dimanche, Buenos Aires va vibrer - -
« Dimanche, ce sera le meilleur moment pour cambrioler, tout le monde sera devant son poste, il n’y aura ni policiers, ni sécurité », s’amuse Gonzalo Quesada, le spécialiste argentin du jeu au pied du XV de France à la terrasse intérieure du palace Emperador de Buenos-Aires. Buenos Aires respire au rythme de sa sélection, retient son souffle les jours de matchs et exulte les soirs de victoires. Le cliché n’en est pas un, plutôt une peinture, une photographie de ce pays aux 20% de chômeurs, à l’inflation galopante et à la démocratie combattante. Et c’est bien la vertu la plus appréciée, la plus prisée des supporters – autant dire par tous les Argentins, la fameuse « Grinta ».
Lors des deux derniers matches de la phase qualificative, personne dans les rues de la Capitale, les deux écrans géants sur la place de l’obélisque et vers les quais surinvestis par une marée ciel et blanc, la couleur du drapeau et des hommes de Diego Maradona. Une seule et unique clameur de millions de gorges pour saluer les buts et les victoires. Les drapeaux qui pavoisent aux balcons, fenêtres, taxis et drapent les grappes d’Argentins de tous âges, de toutes conditions, des deux sexes. Plus qu’une ferveur, une religion qui a même son église sur internet, pour le « Dieu » Maradona. Ajoutez Messi et son talent, enfin présent en sélection, et vous comprendrez que la ferveur se transforme peu à peu en foi en la victoire.
Quesada : « Si ça gagne… »
La folie s’empare doucement de la ville, au « Loco por Football », un pub à double étage dédié comme son nom l’indique au football roi, les socios se lâchent, dansent, boivent et rient aux accents du hard-rock et de la techno. Les boutiques disposant de postes de télévision seront prises d’assaut par les gamins venus des barrios (quartiers) défavorisés ; les vendeurs à la sauvette de maillots, écharpes, maquillage se disputeront le moindre mètre carré stratégique… La fièvre est brutale, instantanée, elle se déclarera dimanche, peu avant le coup d’envoi. « Imagine, les deux derniers matchs de qualification se sont joués en semaine et le pays était mort aux heures des matchs, explique Quesada, hilare. Là, un dimanche ? Mais Buenos Aires sera plus calme que la Patagonie en janvier ! Par contre, si ça gagne… »