RMC Sport

Croatie-Angleterre: Comment Southgate a révolutionné les Three Lions

placeholder video
Derrière la troisième participation de l’Angleterre à une demi-finale de Coupe du monde (face à la Croatie, ce mercredi, 20h sur TF1, BeIN Sports et RMC à la radio) se cache un homme: Gareth Southgate, gourou discret d’une équipe qu’il a rejointe sur la pointe des pieds en novembre 2016 avant d’imposer son style avec psychologie et brio.

Comme l’Angleterre en demi-finale de la Coupe du monde ce mercredi face à la Croatie (20h), Gareth Southgate est arrivé un peu de nulle part sur le banc des Three Lions. Appelé comme pompier intérimaire suite au scandale ayant provoqué l’éviction de son prédécesseur Sam Allardyce (pris la main dans le pot, par The Telegraph, en expliquant comment contourner la législation en matière de transfert), l’ancien milieu tiré à quatre épingles a finalement convaincu la Fédération de lui offrir le poste en novembre 2016 après quatre victoires en autant de matches de qualification au Mondial. Moins de deux ans plus tard, l’ancien joueur de Middlesbrough a imposé sa patte et déjà marqué l’histoire du football outre-Manche. 

Des choix forts et des gars du coin

S’il a Harry Kane dans son groupe, Gareth Southgate ne dispose pas non plus de superstars mondiales d’autant que l’attaquant est un héros discret. Il se fond dans un collectif bâti pour son vivre-ensemble où les guéguerres du passé semblent absentes. Le sélectionneur a tranché dans le vif la question du gardien en laissant à la maison son numéro 1 durant les éliminatoires, Joe Hart. Idem pour Jack Wilshere. Il a retenu des joueurs de contrées comme "Barnsley, Leeds, Bolton et Blackburn", résume The Telegraph, pour illustrer la mixité des origines de ses troupes, souvent passées par les échelons inférieures à l’instar du tank Harry Maguire, de Harry Kane, qui a fait ses gammes en prêts ailleurs qu’à Tottenham, ou de Dele Alli, formé à Milton Keynes, et bien d'autres encore.

Des joueurs dont il apprécie la fraîcheur. "Ce sont tous des fans anglais, sourit-il. Certains d’entre eux (comme Maguire à l’Euro 2016, ndlr) ont assisté à des tournois comme supporters. Ils portaient tous le maillot quand ils étaient enfants et sont maintenant fiers de le porter comme joueurs."

Un gourou qui sait se faire entendre

S’il fait gendre idéal et qu’il booste les ventes de la marque du veston qu’il porte, Gareth Southgate sait fait faire passer ses messages. L’ancien milieu de terrain tire de sa propre expérience pour se faire entendre après avoir vécu la Coupe du monde 2002 sous les ordres du taiseux, Sven Goran Eriksson. Ce qui passait pour de la sagesse s’était confronté aux limites d’un enjeu d’un quart de finale de Mondial alors que les Anglais tenaient le Brésil en échec (1-1) à la mi-temps. "Nous attentions Winston Churchill et nous avons eu Iain Duncan Smith (un politique britannique raillé pour son manque de charisme et sa piètre éloquence)", avait lâché Southgate quelques années plus tard. Les Anglais avaient perdu (2-1) et Southgate a retenu la leçon. Il a aussi une grande part de responsabilité dans la première victoire aux tirs au but de l’Angleterre depuis 1996. Un problème qu’il a pris à bras le corps, avec sa Fédération, à base d’approche psychologique pointue. Et qu’il a résolu face à la Colombie en huitièmes. 

La fin des complexes de jeunesse

La force de Gareth Southgate est donc d’avoir créé un groupe soudé qu’il a aussi construit grâce à son expérience d’entraîneur dans les sélections jeunes de l’Angleterre. "Beaucoup se sont connus dans les équipes de jeunes, a-t-il rappelé récemment. Ils ont été capables de laisser leurs rivalités de club à la porte." Ce n’est pas un hasard si les Three Lions affichent l’une des moyennes d’âge les plus basses de la compétition (25,6 ans, ex-aequo avec la France). L’ancien joueur de Middlesbrough a osé prendre des risques avec sa jeunesse dans un pays où les clubs rechignent trop à le faire, par souci financier de résultats immédiats. "Nous avons fait jouer certains joueurs, même avant ce tournoi, qui étaient dans leurs tendres années de leur carrière mais nous croyons en eux et nous pensons qu’ils peuvent jouer à un haut niveau, a-t-il rappelé récemment. Avec ce que font nos équipes de jeunes, c’est un signe pour les clubs, ici et à l’étranger, que les joueurs anglais ont une superbe technique."

Une vraie unité

Sans rivalité de clubs comme cela pouvait être le cas les années précédentes, cette équipe anglaise brille par son unité, le principal mérite de Gareth Southgate. "Je pense que la chose la plus importante qu’il a apporté à cette équipe c’est une identité, a confié Jordan Henderson cette semaine. La façon de jouer la plus cohérente et collective possible. Il a su créer des moments d’échanges entre les joueurs et le staff ce qui a permis de trouver une identité et une manière de jouer la plus confortable pour nous les joueurs. La relation qu’il a su créer avec le groupe sur le terrain mais aussi en dehors a été très importante. Tout cela a eu des effets positifs sur le terrain. C’est l’équipe d’Angleterre la plus forte et la plus unie dans laquelle j’ai joué. Et le résultat est là. On est en demi-finale de Coupe du monde, on veut continuer et tout faire pour aller en finale."

NC