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Les dernières déclarations du président de la Fédération Algérienne ne devraient pas manquer de porter le feu aux poudres

Les dernières déclarations du président de la Fédération Algérienne ne devraient pas manquer de porter le feu aux poudres - -

Mercredi soir, Algériens et Egyptiens vont en découdre à Khartoum, au Soudan (18h30, heure française) lors d’un match d’appui décisif pour la qualification pour le Mondial 2010. De grosses incertitudes planent au-dessus de cette rencontre, de plus en plus explosive après les excès de haine manifestés ces derniers jours par les deux pays.

On peut faire partie de la même Ligue et ne pas parvenir à se comprendre pour autant. Membres de la Ligue arabe et de l’Union Africaine, l’Algérie et l’Egypte se sont déjà soutenus à maintes reprises sur la scène politique, lors de l’indépendance de l’Algérie d’un côté ou des conflits à répétition avec Israël de l’autre. Pourtant, c’est la haine qui anime le cœur des peuples égyptiens et algériens depuis le caillassage, jeudi dernier, du bus des Fennecs, entraînant des blessures sans gravité chez trois joueurs algériens. Les choses ne se sont pas améliorées lors du match samedi. Après avoir concurrencé leurs adversaires dans un engagement parfois plus que limite, les Algériens ont vu leurs rêves de qualification remis à plus tard après avoir bataillé durant six minutes de temps additionnel (2-0).

« L’Égypte est responsable »

Résultat ? Entre scènes de violence à Alger et rumeurs de supporters morts, d’un côté comme de l’autre, l’Egypte-Algérie de mercredi s’annonce électrique. Le public algérien n’a pas digéré le manque de fermeté de la FIFA, qui n’a pas sanctionné l’Egypte pour le caillassage du bus. Chez les Fennecs, ce n’est pas l’attitude de l’instance internationale qui donne aujourd’hui des crises d’urticaire. « C'est la négligence de certains dirigeants de la Fédération égyptienne qui a appelé les supporters à faire trembler la terre sous nos pieds, a confié le président de la Fédération algérienne Mohamed Raouraoua, joint en exclusivité mardi par RMC. J'ai refusé de serrer la main cet après-midi (mardi après-midi) du Président de la Fédération Egyptienne. Il est responsable des actes. J'espère qu'il sera déféré devant un Conseil de l'Ethique comme ce fut le cas avec Maradona récemment (sic). »

« Dur de calmer les esprits »

La température, déjà élevée autour de ce match d’appui, a encore gagné en chaleur après ces dernières déclarations. Le Soudan ne les a d’ailleurs pas attendus pour bétonner son service de sécurité autour du stade Omdurman de Khartoum. 15 000 policiers ont été détachés pour surveiller les alentours, avant, pendant et après le match. Si, à quelques heures de la rencontre, la tension est palpable, ses principaux acteurs, eux, ne veulent pas laisser le contexte pourrir l’enjeu. « Nous jouons au football pour le plaisir, pas pour créer une guerre », a déclaré Hassan Shehata, le sélectionneur des Pharaons. Même son de cloche chez les joueurs adverses. « Ce sera un autre match, sur terrain neutre, un match d’hommes, a promis lundi sur RMC le capitaine algérien Rafik Saïfi. On va montrer qui on est et donner un petit peu de bonheur au peuple algérien, qui a souffert avec nous.»

Contrairement à leur président, les Fennecs ont décidé de tourner la page. Les supporters des deux camps seraient bien inspirés de les imiter… même si Nassim Akrour, ancien international algérien, n’y croit pas trop : « Ça va être très dur de calmer les esprits. Il y aura toujours des débordements. » Il y a deux ans, vingt-trois personnes avaient trouvé la mort dans le stade d’Omdurman, lors d’une cérémonie censée fêter le départ de milliers de jeunes soudanais au service militaire. L’histoire se passerait bien d’un bis repetita.

A.D. (RMC Sport)