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Juninho : « Moi, à la place de Scolari, j’aurais démissionné »

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EVENEMENT RMC Sport. C’est un Juninho encore très marqué par la défaite humiliante du Brésil face à l’Allemagne (7-1) qui revient sur l’actualité de la Seleçao. L’ancien international ne comprend pas que Scolari n’ait pas démissionné.

Romario, champion du monde 1994, a déclaré : « C'est la Coupe du monde de la honte. Il faut que les dirigeants du football brésilien aillent en prison ». Qu'est-ce que cela vous inspire, Juninho ?

Sa déclaration n’est pas surprenante. Il travaille dans la politique aujourd’hui. Je ne sais pas s’il a raison à 100 %. Je ne dirais pas que c’était la Coupe du monde de la honte, mais plutôt que c’était la défaite de la honte. Je peux parler du côté sportif, ça ne me dérange pas. Mais je ne me sens pas capable d’analyser cette défaite au niveau politique. Ce n’est pas ma place. Je peux analyser la défaite contre l’Allemagne, qui est une vraie honte. De toute son histoire, je n’ai jamais vu le Brésil comme ça. Cette défaite-là démontre qu’on a de très, très bons joueurs, mais pas un staff technique de même niveau.

La star de cette équipe, Neymar, n'a toujours pas réagi à cette lourde défaite. Ni aux propos virulents tenus par son agent au sujet de Luiz Felipe Scolari...

On a pensé qu’il avait une personnalité assez forte. Il l’a montré sur le terrain. Mais pour s’exprimer après une défaite comme ça, il faut montrer encore plus. Il a 22 ans et on a la preuve qu’il n’a pas encore le courage, peut-être, pour s’exprimer. C’est la preuve aussi que la pression sur lui est énorme. Je ne le critique pas pour ça, car je pense que ce n’est pas à lui de s’exprimer sur ça. C’est au staff technique de le faire. 

Vous semblez remonté contre Luiz Felipe Scolari et son staff. Selon vous, le Brésil avait-il les moyens de faire mieux ?

Finalement, on avait les armes, on avait un collectif assez fort quand même. Quand vous avez des joueurs de Chelsea, de City, de Barcelone, du Real Madrid et du PSG, vous ne pouvez pas perdre 7-1. C’est impossible. L’équipe n’a pas marché. L’entraîneur a décidé, il y a un an, qu’il avait une famille. Dans une équipe de football, vous n’avez pas besoin d’avoir une famille, mais d’une équipe qui travaille et respecte le maillot à chaque fois. A partir du moment où il a amené des joueurs qui ne méritaient pas d’être dans les 23 meilleurs du pays, c’est déjà une erreur. A partir de là, les choses se sont mal passées et on a été humiliés sur le terrain. Cette défaite-là… Il n’y a pas de comparaison, c’est encore pire que celle de 1950. En 2006, quand on a perdu contre la France, dans le vestiaire, j’ai dit que je laissais ma place aux plus jeunes pour rajeunir l’équipe. Il faut être un homme, ouvrir ses yeux et assumer ses actes.

Ce que n'a pas fait Scolari ?

Moi, personnellement, si je suis l’entraîneur et que je perds 7-1, je cède ma place avant ce dernier match contre les Pays-Bas. Si tu as un peu d’honneur… Si j’avais été l’entraîneur, j’aurais pris ma décision dès la fin du match. J’aurais démissionné, avec tout le staff. C’est impossible que Scolari soit au stade samedi avec Parreira, avec la sélection du Brésil. Que l’on gagne ou pas, cela ne change rien pour moi. On a été éliminés, on a perdu 7-1 contre l’Allemagne, on a montré à tous nos supporters du monde entier, que l’on passe une période difficile et que l’on n’accepte pas ça. Je pensais que la Fédération brésilienne allait se séparer de tout le staff. Mais non, apparemment, ils ont parlé hier (mercredi) d’une défaite normale. Pendant 7-8 minutes, ils ont essayé de mentir aux gens qui ne connaissent pas le football. Moi, je le connais très, très bien. Je suis vraiment déçu, pas seulement par le résultat, mais par ce que j’ai entendu après le match. Finalement, j’ai perdu le peu de doutes que j’avais par rapport à nos entraîneurs. Je sais que j’ai beaucoup progressé grâce aux huit ans que j’ai passés en France. C’est le moment d’amener un grand entraîneur étranger pour la Seleçao. 

Avez-vous peur que l'ambiance au Brésil se détériore autour de la finale Allemagne-Argentine ?

Non, non, je n’ai pas peur. J’étais un peu inquiet avant la Coupe du monde. Les supporters sont très déçus. Je ne suis pas inquiet à ce niveau-là. On aura une finale Allemagne-Argentine dimanche en finale, ici à Rio. On le sait, c’est notre plus grand rival. Le message maintenant est de faire preuve de respect. S’ils sont en finale, c’est qu’ils l’ont mérité, c’est qu’ils ont fait plus que nous. A la fin, c’est toujours un match de foot et il faut que ça reste un match de foot. Je suis surtout déçu par la manière et par la responsabilité des gens. Quand on est entraîneur, on a beaucoup de responsabilités vis-à-vis des gens. Et quand on commet des erreurs, le pire, ce n’est de ne pas les assumer.

La rédaction