La grande journée du Blanc

Première conférence de presse de Laurent Blanc, nouveau sélectionneur de l’équipe de France de football, ce mardi à la FFF (11h). Dans un contexte délicat, on attend du « Président » qu’il livre quelques pistes sur sa reprise en main de Bleus au fond du trou.

En acceptant la perche tendue par la FFF bien avant le fiasco du Mondial, Laurent Blanc avait fait un grand bond. Cela ressemble plutôt aujourd’hui à un grand saut dans le vide, celui, abyssal, laissé par son prédécesseur. Ce mardi matin, à 11h, au siège de la FFF, le « Président » va de nouveau porter le coq sur son cœur. Peu de chances qu’il se dresse sur ses ergots, fierté en bandoulière. Un profil bas est évidemment fortement recommandé en ces heures sombres pour les Bleus. Et avant même de penser à montrer quelque ambition, c’est quasiment devant une page blanche qu’il se trouve : « Il est dans une galère complète. Il va savoir rebondir mais en repartant de zéro. Comment imaginer le prochain match de qualifications avec des joueurs qui ont sali le drapeau français ? », s’interrogeait Manuel Amoros samedi sur notre antenne.

Un peu radical, sans doute. On imagine quand même mal Laurent Blanc énoncer une vingtaine de joueurs dont aucun n’aurait été en Afrique du Sud. Sa première liste pour le match amical face à la Norvège le 11 août à Oslo apportera un premier lot de réponses. Sur TF1, Patrice Evra avait donné au retour de Knysna une seule assurance : « Il aura des joueurs unis et soudés pour redorer l’image des Bleus, le plus important aujourd’hui. » Pas du tout l’avis de son plus grand pourfendeur, Lilian Thuram, qui pense que demander à Laurent Blanc « de redorer l’image du football français n’est pas lui rendre service. Il ne faut pas lui donner cette responsabilité de reconstruction. Laurent est assez intelligent pour savoir sur qui s’appuyer », a assuré, toujours sur TF1, le champion du monde 1998. Même si pour l’instant, rien n’a filtré sur ses choix, le nouveau sélectionneur ayant discrètement passé ses vacances en famille dans le sud de la France.

Cantona : « Blanc, il va nous sortir de là »

Il y a ceux qui promettent à Laurent Blanc des tourments sans fin pour retrouver cohésion, crédibilité et bonne direction. Il y aussi ceux qui voient le verre à moitié plein, optimistes mesurés à l’image du futur ex-président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes : « Je sais que Laurent aura un projet sportif extrêmement pugnace, avec la gagne pour objectif. Il doit remettre les Bleus sur les rails, du point de vue sportif mais également moral. » Une lapalissade vu l’état de délabrement de l’édifice. Le pays tout entier a hâte de tourner la page la plus sombre de l’histoire du football français. Le but en or de Laurent Blanc face au Paraguay en 1998 avait sauvé la nation. Douze ans plus tard, la tâche est encore plus ardue : il doit la sortir du coma. Eric Cantona, dans Stade 2 il y a dix jours, voyait le verre plein à ras-bord : « Laurent Blanc, il va nous sortir de là. Parce que c’est un grand. » Accent et dramaturgie en prime. Le spectacle peut (de nouveau) commencer.

S.B.