Le foot pour sortir de la rue

Dans le township de Heideveld, près du Cap, une académie se sert du football pour sortir les enfants des griffes des gangs.

Mickaël a 14 ans, il rêve de devenir joueur professionnel au FC Santos du Cap. Deux fois par semaine, il vient s'entraîner à la Great Commission United Academy, dans le township de Heideveld, à une vingtaine de kilomètres du Cap, là même où le club de Santos a été créé au début des années 80. Un township comme il en existe d'autres, dans lesquels les gangs recrutent des enfants.
Mickaël ne deviendra sans doute pas pro. La GCU Academy n'a rien d'un centre de formation comme on les connaît en Europe. Mickaël et les autres jouent sur un terrain de rugby désaffecté, à l'herbe haute. Les buts sont des cages de hockey-sur-gazon. Mais pendant qu'il vient s'entraîner, au moins il ne traîne pas dans les rues. C'est la mission que s'est fixée Mario van Neikerk, le fondateur de cette structure. « Nous sommes aussi un gang, mais un bon gang. Nous utilisons les mêmes recettes que les gangs pour enrôler les jeunes : on leur apprend les bases de la vie, on les éduque, on les nourrit, et le plus important qu'on puisse faire, on les aime, et je pense que c'est ça la clé. On les respecte aussi. Même le pire gangster on essaiera de l'aider, c'est ce qu'on fait. »

Le foot n’est qu’un prétexte

Mario van Neikerk sait ce qu'il dit, lui qui, à 11 ans, a été enrôlé dans un gang avant de se retrouver en prison. Quand il a créé son association il y dix ans, il accueillait les enfants, une vingtaine, chez lui. Aujourd'hui, l'académie entraîne 250 enfants et adolescents de 7 à 15 ans, et elle est installée dans les locaux d'une école primaire. La structure dispose d'une salle de vie, avec aux murs des cartes de l'Afrique et du monde, avec aussi une planche anatomique, d'un terrain, sans électricité, pour jouer au foot en salle. Et surtout d'une bibliothèque et d'une serre pour apprendre aux enfants à cultiver un potager. Le foot n'est qu'un prétexte. Mario van Neikerk veut avant tout permettre à ses protégés de grandir, de se construire.
Preuve de sa réussite, la présence à l'entraînement de Theo, 27 ans, ancien élève et ancien entraîneur de l'académie, fier de dire qu'il n'a jamais appartenu à un gang, ni jamais touché à une drogue. A 19 ans, Mick, l’un des entraîneurs actuels de l'académie, lui, a touché aux drogues, il en a même vendu. La GCU Academy l'a accueilli quand il a voulu s'en sortir. Aujourd'hui, il fait partie des quatre bénévoles à aider Mario van Neikerk, à l'aider dans sa mission qui est un éternel recommencement. Car parmi les enfants qui s'entraînent avec lui, ils sont trois en ce moment à faire partie d'un gang. L'académie les accueille pour les en sortir.