Le phénomène Enyeama décrypté

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1062 minutes. C’est le temps passé sans encaisser de but par Vincent Enyeama avec Lille la saison dernière. Une série impressionnante, qui en dit long sur le niveau exceptionnel atteint par le gardien du Nigéria, adversaire des Bleus en huitièmes de finale du Mondial, ce lundi à Brasilia (18h). « Avant tout, c’est un joueur exceptionnel, sûrement l’un des meilleurs gardiens qu’on ait eu ici au LOSC, juge Frédéric Paquet, le directeur général adjoint administratif et sportif du club nordiste. C’est une personne exceptionnelle. Il est toujours de bonne humeur. Ila une philosophie de vie très positive. Il est toujours dans la vision positive des choses et c’est donc un régal de vivre avec lui. »
Meneur d’hommes et guide d’une défense solide, à Lille comme avec les Super Eagles, Enyeama impressionne par ses multiples qualités, qui en font un gardien complet. « Il apporte à la fois son talent et son savoir-faire. Il est rassurant par son comportement, il maitrise bien tous les aspects de commandes de sa défense et puis, intrinsèquement ça faisait longtemps à Lille que je n’avais pas vu un gardien de cette qualité, énumère Jean-Michel Vandamme, le directeur du centre de formation du LOSC, qui l’a découvert un peu par hasard. On était parti en Israël pour superviser un défenseur central et j’ai vu ce gardien de but qui jouait à l’Hapoël Tel Aviv, avec un comportement assez atypique, une décontraction. Il jouait comme un libéro, il était loin de sa ligne de but, il encourageait, il était souriant, il avait toujours le sourire aux lèvres. Il a une qualité intrinsèque vraiment forte. »
Il décourage les Lillois à l'entraînement
« Quand il a fait les premiers entrainements avec nous, les joueurs me disaient : "Mais on n’arrive jamais à lui mettre un but à l’entrainement", poursuit Vandamme. C’était compliqué et même un peu décourageant pour nos attaquants parce qu’il fallait qu’ils soient en confiance. J’espère qu’il sera en forme à son retour pour le LOSC et un peu moins contre l’équipe de France parce, quand il est en forme, ce n’est quand même pas facile de marquer des buts à Vincent. » Invaincu 21 fois sur 38 journées en Ligue 1 la saison dernière, Enyeama peut avoir des allures de barrage infranchissable. Il a d’ailleurs fallu tout le talent de Lionel Messi pour le faire craquer dans ce Mondial, après deux « clean sheets » contre l’Iran (0-0) et la Bosnie (1-0).
La tâche s’annonce donc compliquée pour les attaquants des Bleus. Certains d’entre eux le connaissent d’ailleurs bien pour avoir évolué à ses côtés au LOSC, comme Yohan Cabaye. « C’est un très, très bon gardien, confie le milieu de terrain parisien. Il l’a montré cette saison à Lille et du temps où il était en Israël. Le Nigeria prend peu de buts, donc forcément, il en est en grande partie responsable. Pour moi, c’est l’un des meilleurs gardiens de cette compétition. » D’autres ont appris à le connaître en le voyant évoluer à Lille ou lors du premier tour de ce Mondial. « Il a pratiquement 100 sélections, donc ce n’est pas rien, remarque Laurent Koscielny. Ce sera difficile de le passer mais j’ai confiance en nos attaquants. » Il en faudra pour effriter le mur nigérian.
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|||Rencontré par RMC Sport, le demi-frère du gardien nigérian nous dresse le portrait d’un leader posé et réfléchi. « Quand il est sur le terrain, il sait que l’équipe a besoin de lui, raconte Aniekan Enyeama, qui vit en France depuis 15 ns. Il se donne à fond et il parle aux joueurs. Il a beaucoup d’expérience, il faut donc qu’il parle. Il transmet cela aux jeunes et, si lui ne parle pas, il n’y a pas beaucoup de gens qui vont parler. En dehors du terrain, il est toujours dans sa chambre, il ne sort pas. » Mais le gardien lillois de 31 ans a encore quelques soucis avec la langue de Molière. « Parfois il m’appelle à 2 heures du matin et il me dit : "C’est quoi ça en français." C’est curieux. Je donne des cours parfois et quand il entend un nouveau mot, il me demande ce que ça veut dire. »